Les fouilles archéologiques menées sur le site d’Orsay et de Saclay (91) – ZAC de Corbeville ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Gaëlle André dans le cadre du projet d’aménagement porté par Établissement Public d’Aménagement Paris-Saclay. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés de la Protohistoire au Moyen Âge central.
Présentation de la fouille
La fouille archéologique s’inscrit sur une surface d’environ 4 hectares répartis sur 2 zones (Fig. 1) séparées d’environ 10 m du fait de la présence d’un ancien chemin où des réseaux (gaz, eau, électricité) sont encore installés et en service. Par ailleurs, le diagnostic mené sur la parcelle a permis de démontrer que l’installation de ce chemin avait endommagé en profondeur les niveaux archéologiques.
Un peu moins de 1700 structures archéologiques ont été mises au jour sur l’ensemble de l’emprise, assez équitablement réparties. L’occupation principale est sans aucun doute datée du Moyen Âge mais des vestiges liés à la période protohistorique ont également été mis au jour. Comme attendu, après l’abandon de l’habitat médiéval, les seuls éléments découverts sont liés au drainage des parcelles.

Crédit : Éveha 2023.
Un enclos et une petite occupation de l’âge du Fer (La Tène ancienne)
L’occupation protohistorique identifiée s’inscrit essentiellement sur la zone 1, quelques vestiges de même période étant également supposés sur la zone 2 mais pour le moment de façon plus hypothétique.
L’élément principal est un petit enclos quadrangulaire de 7 m de côté, associé à un fossé nord-sud formant une sorte de chicane sur son flanc est, et créant ainsi très probablement un accès vers l’enclos. Ce dernier, bien visible en plan, est toutefois très mal conservé et peu de mobilier lui est associé.
Au sud de cet ensemble, et toujours le long du fossé nord-sud, plusieurs fosses ont livré un mobilier céramique important, de belle facture et daté a priori du second âge du Fer (La Tène ancienne). Plusieurs autres vestiges localisés essentiellement dans le sud de la zone 1 semblent également se rapporter à cette période chronologique. Notons particulièrement la présence d’un puits imposant inscrit à l’intérieur d’une large nappe ayant livré un mobilier protohistorique abondant.

L’habitat médiéval de Corbeville
L’occupation médiévale mise au jour s’inscrit dans la continuité de celle déjà identifiée en 2016 par G. Bailleux (Inrap) sur la parcelle immédiatement adjacente à l’est.
Cette occupation est nettement structurée par un chemin qui traverse la zone 1 d’est en ouest puis oblique vers le sud en zone 2 avant de repartir vers le nord-ouest. Trois groupes de sépultures ont été découverts le long de ce chemin dont l’un concentre plus de trente inhumations (Fig. 3, ouest de la zone 2).

À l’est de la zone 1, un secteur artisanal très dense semble se dessiner en continuité des découvertes de 2016. De nombreuses fosses, de gros à très gros gabarits, ont été identifiées, associées à plusieurs zones de travail. L’ensemble de ces structures est contraint par un fossé nord-sud qu’elles ne franchissent pas. Plus à l’ouest, une partie de l’occupation est enclose, immédiatement au sud du chemin, tandis qu’au nord les structures sont de très petits gabarits et potentiellement très arasées, ce qui pourrait nous orienter vers une activité de type agro-pastoral.
Au-delà, vers l’ouest, l’occupation semble plutôt s’organiser en une succession de pôles de vestiges, souvent très denses et installés de part et d’autre du chemin, mais laissant également entre eux de larges zones de vide. Les fonctions et rôles de ces concentrations restent encore à définir.
Les vestiges mis en évidence sur l’emprise sont typiques de la période : fossés structurants et/ou drainants, trous de poteau en très grand nombre, fosses et silos, fonds de cabane, puits et puisards, etc. (Fig. 4, 5). Les fosses-coffres sont plus rares mais l’une d’entre elles a livré un important mobilier céramique encore en place (Fig. 6). La seule anomalie réside en l’absence quasi totale de structure de combustion puisque seulement deux ont été fouillées (nord-est de la zone 1), alors même que de nombreux comblements de fosses très charbonneux ont été enregistrés.

Crédit : Éveha 2023.


Un réseau de drainage
Après l’abandon de l’habitat médiéval de Corbeville, très certainement au cours du XIIe siècle, les parcelles retrouvent une activité agricole qui perdurera jusqu’à nos jours.
Un important réseau de drainage est mis en place, en plusieurs campagnes successives.
Il est représenté en bleu clair sur le plan des vestiges.
Les recherches se poursuivent désormais en laboratoire où elles permettront d’affiner notre compréhension de ce site et de ses différentes occupations au cours du temps.