L’opération archéologique menée sur le site de Périgueux (24) – Rue des Thermes a été réalisée sous la responsabilité de Pierre Dumas-Lattaque dans le cadre d’un suivi de travaux lors de l’extension du réseau de chaleur urbain des Deux Rives, porté par ENGIE Solutions. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges s’échelonnant de l’Antiquité aux Époques moderne et contemporaine.
Vue d’ensemble des objectifs de la fouille
Le suivi de travaux de 1495 mètres linéaires de tranchées à travers la moitié nord de la ville antique de Vesunna avait pour but d’enrichir nos connaissances sur la création, l’évolution et l’abandon de la Cité. Les études devaient se concentrer sur plusieurs points, notamment sur les axes de circulation antiques. Le tracé du réseau de chaleur devaient en effet traverser plusieurs axes structurants de la ville antique, offrant l’opportunité d’étudier leurs phases de construction, de modifications et d’abandon, ainsi que de compléter le plan de la ville et de mieux comprendre son déclin au IIIe siècle. Le second objectif de l’opération devait permettre de mieux cartographier les occupations antiques, notamment celles en lien avec des carrières de pierre et des bâtiments associés, ainsi que de préciser les phases d’abandon et les hiatus chronologiques observés entre la fin du Bas-Empire (IIIe siècle) et le haut Moyen Âge. Sur l’ensemble du tracé, la fouille devait permettre de mieux caractériser les phases d’abandons et/ou de réoccupations, comme cela avait été fait par Wandel Migeon en 2011, impasse de Vésone. Enfin, rue Claude Bernard, la proximité directe de la zone de fouille avec l’emprise du cimetière de l’église Saint-Pierre, fouillée en 2022 par Laure Leroux (Hadès), devait apporter des éléments de réponse quant à la probable présence de sépultures médiévales dans cette zone.
Zoom sur l’Antiquité
Pour l’Antiquité, le suivi a permis de compléter les informations sur la partie sud de la domus de Vésone (actuel musée Vesunna), en mettant au jour le cardo (axe nord-sud) qui longe l’îlot à l’ouest. Son emplacement est décalé de quelques mètres par rapport au tracé présumé. La voie est bordée par un trottoir à l’est, doté d’une colonnade (découverte d’une base de colonne). À l’est de cette rue, on observe la présence d’une vaste salle composée d’un sol en mortier et pourvu d’une base de pilier/colonne en son centre. Au niveau de la tour de Vésone, c’est le mur du péribole (mur entourant un espace consacré) qui a été croisé dans l’angle sud-ouest et dans l’angle nord-ouest de l’édifice. Il se présente sous la forme d’un mur assez large de 1,10 m, construit en moellons calcaires. Dans la rue du 26e RI, le decumanus principal de la cité a été découvert sur environ 30 m, passant devant la domus de Vésone et le temple. Il se compose de niveaux de cailloutis marquant des états d’utilisation successifs. Dans la rue Léon-Félix, plusieurs murs sont apparus formant de larges pièces dont l’une doit correspondre à une pièce chauffée par le sol voire une pièce thermale. Des éléments de suspensura (dalle suspendue) et de tubuli (canalisations en terre cuite en forme de tube) ont été découverts dans la démolition, ainsi que du mortier de tuileau au niveau des murs. Dans la rue Lacalprenède, un tronçon du decumanus d’une dizaine de mètres de large, en provenance du pont Japhet, a été observé au fond de la tranchée.
Du Moyen âge aux Époques moderne et contemporaine
Concernant ces périodes, la tranchée au nord du musée a repris le tracé d’un mur d’un bâtiment de la caserne Bugeaud. La rue du Vieux Cimetière a été suivie sur près de 150 m. La tranchée de raccordement du bâtiment de la DDT ainsi que celle au niveau de la rue du 26e RI ont permis la découverte de sépultures en lien avec l’église Saint-Pierre. Enfin, le tracé à l’intérieur de la cité administrative a permis la mise au jour des murs en lien avec les bâtiments de la caserne.
Objectifs scientifiques
Le but des études de post-fouille sera de compléter les données concernant la ville antique, notamment en ce qui concerne les voies, puisque trois sections de rues ont été découverts au cours du suivi de travaux. L’étude s’efforcera de dater les différents niveaux d’utilisation. Les vestiges liés à la tour de Vésone permettront également de vérifier les informations issues des fouilles anciennes. Au sud de la domus de Vésone, les informations récoltées viendront compléter les données sur cette partie mal connue de l’îlot. De la même manière, les découvertes réalisées rue Léon-Félix viendront compléter les données relatives à l’îlot au sud du decumanus en provenance du pont Japhet. Pour les parties médiévale, moderne et contemporaine, la post-fouille permettra de faire le lien entre le cimetière de l’église Saint-Pierre et la rue des Vieux Cimetières dont le tracé recoupe certaines sépultures.