Les fouilles archéologiques menées sur le site de Bénesse-Maremne (40) – Chemin du Pont, Loriot, ont été réalisées sous la responsabilité de Nicolas Peyne dans le cadre du projet d’aménagement porté par la SARL Constructions de la Côte Sud. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour plusieurs occupations s’échelonnant principalement de la Protohistoire à la période gallo-romaine, ainsi que quelques vestiges d’époques médiévale et moderne.
Contexte et objectifs archéologiques
L’occupation des Landes durant la fin de la période gauloise et le début de l’Antiquité est encore mal connue. Jusqu’à récemment, les seuls indices de fréquentation étaient des épandages de mobilier qui ont fait dire à nombre de spécialistes que ce territoire n’était occupé que ponctuellement par des groupes humains nomades, en lien notamment avec le pastoralisme. Ces dernières années, les découvertes faites lors de fouilles préventives ont permis de réfuter, en partie, ces postulats. En effet, les fouilles menées récemment à Dax (Lemaire et Lemaître 2019) ont mis au jour une occupation structurée contemporaine de celle découverte lors du diagnostic. L’objectif principal de cette fouille était donc de comprendre l’organisation, l’évolution et le fonctionnement de ce site, en déterminant les différentes activités présentes, mais également en analysant les structures, leurs comblements, leurs phases chronologiques grâce au mobilier ainsi que leurs interactions spatiales.
Premières observations
Le décapage a permis de constituer un lot de données précieuses concernant les niveaux d’apparition des structures. En effet, les occupations successives ont été révélées sur trois niveaux de décapages, distingués grâce une surélévation progressive du terrain. La cause principale de ce phénomène peut en effet être imputée à des apports éoliens successifs. Ainsi, les occupations sont assez bien conservées, notamment pour les époques gauloise et gallo-romaine, où les trous de poteau sont ancrés à une vingtaine de centimètres de profondeur. Le profil de deux silos et la présence d’épandages de mobilier indiquent une bonne préservation des vestiges archéologiques. Les occupations des périodes médiévales et modernes impactent de manière limitée le site protohistorique et améliorent notre compréhension de la stratigraphie par une série de recoupements entre les fossés des différentes phases d’occupation. Au total, 1000 structures archéologiques ont été découvertes et entièrement fouillées.
Suite des investigations : la période gauloise
L’occupation principale du site commence probablement au début de La Tène moyenne (250 av. n. è). Parmi les principales structures, des fossés forment une trame nord-sud et ouest-est distinguant des espaces à vocations visiblement différentes. Les interruptions des fossés témoignent de zones de circulation marquant le passage d’un espace à un autre. Les 42 bâtiments sur poteaux plantés sont répartis sur la quasi-totalité de la surface explorée et certains sont installés à proximité d’accès, formés par les interruptions de fossés. Leur mode architectural montre une variabilité de fonctions des bâtiments. De plus, l’organisation spatiale générale du site et le type de structures mises au jour correspondent certainement à l’implantation d’une succession d’établissements ruraux. La découverte de nombreux lots céramiques constitue la grande majorité du mobilier (5 caisses pour cette période d’occupation). Les autres mobiliers sont quasiment absents, exception faite de fragments de torchis rubéfiés, attestant d’une architecture mixte en bois et en terre. Ce matériau, à la composante principalement argileuse, s’est solidifié par le feu, suite à l’incendie de certaines constructions. Il faudra toutefois se questionner sur la provenance du matériau argileux vraisemblablement exogène (provenance extérieure).
Début de la post-fouille
Les recherches se poursuivent désormais en laboratoire permettant d’affiner notre compréhension de ce site et de l’environnement dans lequel il s’inscrit. La post-fouille se concentrera sur trois axes principaux : la chronologie, grâce à l’analyse du mobilier céramique combinée aux datations radiocarbone ; l’organisation spatiale du site et le traitement des écofacts. En effet, les prélèvements de sédiments récoltés seront analysés en vue d’étudier les restes végétaux (charbons de bois, graines, pollens, etc.), offrant ainsi l’opportunité de mieux comprendre les activités associées ainsi que l’environnement naturel du site.