SAINTES (17) – Diconche, usine d’eau potable

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Saintes (17) – Diconche, usine d’eau potable ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Quentin Favrel dans le cadre du projet d’aménagement porté par Eau 17. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés du Néolithique, du Moyen Âge, de l’époque moderne et de l’époque contemporaine.

Problématiques scientifiques du cahier des charges

La localisation de l’emprise correspondait à un secteur de l’aire interne de l’enceinte néolithique dont il s’agissait de comprendre le rôle et la nature. La fouille avait donc vocation à établir le corpus des structures, leur datation et de relever toutes les informations spatiales, paléoenvironnementales et chronologiques susceptibles de permettre la compréhension de l’occupation de cet espace.

Les données de la fouille devaient ensuite être replacées dans leur contexte, à savoir les habitats ceinturés néolithiques de l’Ouest de la France, en particulier entre Loire et Pyrénées.

L’occupation de la fin du Néolithique

L’opération menée au sein de l’enceinte néolithique de Diconche a permis d’identifier deux grandes phases d’occupations humaines. La première concerne la fin du Néolithique et la seconde s’étend du bas Moyen Âge à l’époque moderne ou contemporaine.

Plan du site du Diconche à Saintes. Crédit : Éveha 2024.

L’occupation néolithique mise en évidence sur le site s’inscrit dans la continuité des opérations de fouilles programmées réalisées à partir des années 1980. Elle date du Néolithique récent/final (3350/2550 av. n. è.). Elle se matérialise par la présence de plusieurs faits sur le terrain. Au nord-est du site, un fossé d’enceinte avec système d’entrée dit « en pince de crabe » est creusé presque perpendiculairement à la diaclase.
Il contient un abondant mobilier lithique, un peu de faune et de céramique. Ce fossé pourrait avoir un symétrique quelques mètres à l’ouest, mais nettement plus arasé et moins riche en mobilier. Ces faits sont aussi passablement perturbés, voire recoupés par des travaux récents sur le site. La présence d’un fossé néolithique à cet endroit signifie qu’il existait un troisième système d’enceinte sur le site, au sommet du plateau. Il s’ajoute aux deux systèmes d’enceinte identifiés lors des fouilles programmées des années 1980.
Sa relation avec la diaclase doit cependant encore être éclaircie. Il est possible que cette dernière ait été utilisée de manière opportuniste par les communautés néolithiques, puisqu’elle pouvait former un fossé naturel. Creuser un tronçon de fossé perpendiculaire à cette dernière permet alors de barrer l’accès au sommet du plateau.

Coupe du fossé néolithique en bordure d’emprise. Crédit : Éveha 2024.
Vue aérienne du fossé néolithique avec entrée en pince de crabe. Crédit : Éveha 2024.

Au sud du site, une concentration de trous de poteau permet d’identifier les restes d’un bâtiment qui semble lui-aussi dater du Néolithique récent/final. Son plan n’est pas complet, il pourrait se prolonger en dehors de l’emprise de fouille et semble avoir un module au sol de plan quadrangulaire. Le mobilier comprend des tessons de céramique néolithiques, mais aussi quelques tessons qui semblent médiévaux et du mobilier lithique.

L’occupation du Moyen Âge à nos jours

La deuxième phase d’occupation est identifiée par la présence de deux silos, probablement du bas Moyen Âge dans l’ouest du site. Ils font écho à une découverte similaire réalisée lors des fouilles programmées. Un système fossoyé bordé par endroit de fosses de plantations est ensuite installé sur le site à l’Époque moderne. Il semble orienté vers une maison forte à l’extrémité nord-ouest du plateau.

Coupe d’un silo médiéval. Crédit : Éveha 2024.

Enfin, la diaclase qui traverse le site du nord au sud est une faille géologique comblée d’un sédiment sableux jaune à orange. Elle mesure jusqu’à 10 mètres de largeur en surface et sa profondeur est inconnue. Nous n’avons pu descendre que jusqu’à la base des niveaux anthropiques, à environ 2 mètres sous le niveau de décapage. Son comblement fait l’objet d’un scénario complexe sous tout point de vue. Les niveaux anthropiques comprennent du mobilier daté du Néolithique (céramique et lithique), mais aussi des périodes moderne et contemporaine.

Coupe des niveaux anthropiques de la diaclase. Crédit : Éveha 2024.

Recherches à venir

Le comblement de la diaclase doit faire l’objet d’une étude approfondie. Il est fortement perturbé et il est difficile de déterminer si la partie supérieure de la diaclase, avec un comblement anthropique, a été creusée par l’homme ou si un phénomène naturel de sous-tirage, comme celui qui a conduit à la formation de l’aven, a progressivement drainé du mobilier déposé en surface.

L’objectif sera de déterminer si la diaclase formait déjà une sorte de fossé naturel au Néolithique, si les populations néolithiques l’ont creusée ou surcreusée pour créer une enceinte en profitant de son comblement sableux – bien plus simple à exploiter que le calcaire du site – ou si le sable de cette diaclase a pu être exploité pour d’autres raisons à la période moderne ou contemporaine.

L’examen du mobilier et des prélèvements par les spécialistes permettra de préciser le phasage du site tant pour le Néolithique que pour les périodes historiques.

Les principaux faits seront remis en contexte et comparés avec les sites de références à l’échelle locale et régionale, qu’il s’agisse d’un bâtiment et du fossé d’enceinte néolithique, des silos médiévaux ou du parcellaire moderne/contemporain.

L’examen des nombreux clichés aériens réalisés depuis la deuxième guerre mondiale devrait permettre de proposer une analyse approfondie sur l’évolution du site, tant pour le Néolithique que pour les périodes historiques. Concernant le Néolithique, il conviendra de remettre en perspective les découvertes réalisées lors de cette opération avec les fouilles des années 1980 et 1990. Enfin, les vestiges des périodes historiques n’avaient pas fait l’objet d’une analyse aussi approfondie que la période néolithique jusque-là, il conviendrait de corriger cet état de fait.