Les fouilles archéologiques menées sur le site d’Isle-Aumont (10) – Beauregard, 26 rue de Châtel ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Marie Charnot dans le cadre du projet d’aménagement porté par Aube Immobilier.
Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés du Néolithique ainsi que que de la Protohistoire.
Les objectifs de la fouille
Le principal objectif était de caractériser l’habitat néolithique. La fouille plus extensive devait permettre une meilleure visibilité et compléter l’organisation des trous de poteau vus lors du diagnostic. Le second objectif était quant à lui de préciser la datation des fosses profondes en Y identifiées au même moment. Pour finir, l’étude du lien entre ces deux occupations, si elles étaient contemporaines, devrait permettre de mettre en évidence les possibles relations existantes entre les structures d’habitats et les fosses profondes.


Une enceinte pseudo-circulaire néolithique
L’occupation principale correspond à une portion d’enceinte pseudo-circulaire à double fossé palissadé. Dans l’un de ces fossés, de nombreux vestiges en bois calcinés sont présents. Les premières datations au radiocarbone réalisées durant l’opération permettent de l’attribuer au Néolithique moyen 1 (entre 4712 et 4374 av. n. è.). Cette découverte revêt un caractère exceptionnel car ce type d’enceinte ne trouve à l’heure actuelle pas de point de comparaison dans la plaine de Troyes. La portion d’enceinte mise au jour dans l’emprise de fouille montre une interruption permettant d’identifier au moins un système d’entrée. Les différentes études permettront de préciser le fonctionnement de cette enceinte. Aucune structure contemporaine n’a pu être identifiée à l’intérieur de l’enceinte.

Une occupation protohistorique fugace
Quelques fosses, plus ou moins riches en mobilier, peuvent être attribuées à l’âge du Fer. Ces dernières ne montrent pas d’organisation particulière et n’ont pas de réelle fonction attribuées en l’état actuel de la fouille.
Un verger médiéval ou moderne ?
Des fosses de plantation ont été identifiées sur une partie de l’emprise. Leur datation n’a pas encore été précisée, mais elles peuvent être attribuées aux périodes médiévale ou moderne. Leur morphologie plutôt carrée ainsi que leur organisation permettent de privilégier l’hypothèse d’un verger.

Les recherches à venir
Les objectifs scientifiques de la post-fouille seront centrés sur l’analyse de la portion d’enceinte du Néolithique moyen 1 mise au jour sur le site. Malgré la grande rareté du mobilier mis au jour au sein des fossés, un travail typo-technologique fin sera mené afin de le caractériser au mieux. Il s’agira notamment de proposer une attribution culturelle.
La datation absolue devra être améliorée avec la réalisation de nouvelles dates au radiocarbone. D’autres analyses seront menées (anthracologie), notamment sur les bois carbonisés mis au jour dans le fossé externe.. Il s’agira aussi de comprendre au mieux le fonctionnement de cette enceinte (système d’entrée, aménagements particuliers, palissade) et sa destruction. La présence de bois carbonisés dans le fossé externe laisse penser qu’un démantèlement après une phase d’incendie a pu avoir lieu. Néanmoins, il faut rester prudent car le travail d’analyse reste à faire. Des comparaisons seront bien sûr menées, à l’échelle régionale mais aussi au-delà, car ce type de découverte reste rare à l’échelle de la région pour cette période.
Les autres faits (quelques fosses, trous de poteau et fosses de plantation) seront documentés et étudiés finement. Ce qui permettra à terme de documenter les différentes phases d’occupation.