Marolles (51) – La Flûte

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Marolles (51) – Lieu-dit « La Flûte », rue de la Violette ont été réalisées par le bureau d’études Éveha, sous la responsabilité de Nicolas Loew, dans le cadre du projet d’aménagement porté par le Groupe Firalp. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges dont les datations vont du Néolithique à l’Époque moderne.

Problématiques scientifiques du cahier des charges

L’objectif principal de cette fouille, faisant suite à un diagnostic ayant révélé des occupations s’échelonnant du Néolithique à l’époque contemporaine, était de caractériser la nature et l’organisation des habitats, ainsi que leur insertion et leur dynamique de fonctionnement au sein du territoire de cette plaine alluviale de la Marne. Il s’agissait de définir les différents pôles d’occupation (statut, chronologie, fonctionnement) par l’étude des structures (fosses, fossés, trous de poteau, puits, fonds de cabanes), la typo-chronologie du mobilier, et des datations radiocarbones si nécessaire, tout en intégrant une dimension paléoenvironnementale via l’étude des paléosols et des approches archéobotaniques (macrorestes végétaux) et archéozoologiques (faune) pour reconstituer l’économie agricole, les interactions hommes-milieux et les stratégies d’exploitation.

Enfin, un des buts était également de caler chronologiquement et d’analyser la structuration des occupations avant, pendant et après l’âge du Fer, afin de mieux comprendre le schéma d’organisation territoriale mis en place pour cette période.

Les vestiges pré et protohistoriques anciens

Concernant la Préhistoire ancienne, nous n’avons, à ce stade de la post-fouille, que des suppositions sur quelques éléments mobilier (céramique et lithique) mis au jour hors contexte ou en contexte intrusif dans des structures plus récentes.

Fig.1 : Plan masse du site. Crédit : Éveha, 2025.

Les éléments céramiques pouvant se référer à la fin de l’âge du Bronze sont issus exclusivement de silos de stockage dans la partie sud de l’emprise. Il en va de même pour le premier âge du Fer avec néanmoins de nouvelles occurrence dans la partie nord-est du site. Ces structures ont aussi livré une quantité relativement importante de terre à bâtir, présentant des parois et des traces de baguettes.

Les vestiges du second âge du Fer

Le second âge du Fer est représenté par au moins une unité architecturale sur poteaux (bâtiment à pans coupés) au centre de la prescription et possiblement dans quelques fosses. Un système fossoyé pourrait être contemporain à cette occupation, il a livré des restes de faune. Un ensemble de fosses d’extraction dans la partie nord-ouest de la prescription pourrait appartenir à cette période. On notera la présence d’un morceau de bracelet en lignite.

Fig.2 : Fragment de bracelet en lignite. Crédit : Éveha, 2025.
Fig.3 : Exemple de fond de fosse protohistorique et de mobilier associé. Crédit : Éveha, 2025.
Fig.4 : Exemple de silo. Crédit : Éveha, 2025.

Les vestiges antiques

L’Antiquité (principat augustéen et Haut-Empire) semble être la période la plus représentée sur le site. Elle est présente dans plusieurs bâtiments sur poteaux, avec au moins dix puits (sur dix-huit), quelques fonds de fosses, et la moitié des systèmes fossoyés de l’emprise. Une quantité importante de mobilier (métal, céramique, terre cuite architecturale, faune, élément architectural minéral) a été découverte sur l’ensemble du site.

Fig.5 : Exemple de fosse antique avec mobilier associé. Crédit : Éveha, 2025.

Les structures à eaux présentant des cuvelage en bois en place ont été étudiées au cours de la phase de terrain. On dénombre trois types d’installations (en plus des puits ne présentant pas de cuvelage). Le premier présente des planches de bois maintenues par des piquets. Le deuxième est une variante avec une superposition des planches permettant le maintien. Le dernier type se compose d’une « nasse » d’éléments en bois souple maintenue par des petits piquets en bois. Dans la partie sud de l’emprise, on notera la présence d’un fossé palissadé, avec la présence de trous de poteau espacés d’environ deux mètres. Dans la zone centrale ouest, un empierrement de blocs de craies a été étudié. Ces derniers ne sont pas en place, mais du mobilier antique (céramique, objets de parure) lui est associé. Il se poursuit dans la limite d’emprise ouest et peut témoigner de la présence d’un bâtiment antique à proximité.

Les vestiges médiévaux, modernes et contemporains

Les éléments médiévaux prévus par le diagnostic archéologique se limitent à quelques restes de mobilier céramique découverts hors contexte. Cette occupation semble être mieux définie au nord de l’emprise et pourra être étudiée au cours d’une intervention archéologique future.

Les systèmes fossoyés modernes et contemporains sont observables sur différentes sources historiques à notre disposition (cadastre Napoléonien – remembrement de la propriété foncière 1933). Quelques éléments mobiliers ont été mis au jour dans la dépression en eau dans la partie centrale ouest de la fouille, et dans des fossés.

Les vestiges funéraires et métallurgiques

Le contexte funéraire est défini par deux inhumations. L’attribution chronologique devra attendre les datations sur les restes osseux, mais la première pourrait appartenir à la pré-protohistoire par la position du squelette. La seconde pourrait être plus récente (médiévale – moderne), par la présence du périoste, conservé sur les os.

Fig.6 : Inhumation mise au jour sur le site. Crédit : Éveha, 2025.

Une industrie métallurgique est supposée sur ou à proximité de l’emprise de fouille par la présence de scories de fer dans les systèmes fossoyés et un élément de minerai de fer brut. Aucune structure de chauffe n’a été identifiée au cours de la phase de terrain.

Les attributions chronologiques et les interprétations des structures reposent sur les observations de terrain. Elles seront affinées au cours de la phase de post-fouille et en fonction de l’avancement des études par les spécialistes et des analyses physico-chimiques.

Problématiques scientifiques de la post-fouille

La post-fouille du mobilier est en cours et s’attache à préciser la chronologie des ensembles céramiques. De plus, une analyse des restes alimentaires (graines, restes carbonisés dans les céramiques, restes de faune) a été lancée, ainsi qu’une autre portant sur l’étude des restes pouvant appartenir à une industrie métallurgique et encore une autre portant sur les cuvelages en bois des puits.

Concernant les structures archéologiques, une identification et une détermination du statut des diverses occupations est en cours. À cela s’ajoute une étude de l’organisation de l’espace avec les différents systèmes fossoyés et les unités architecturales, ainsi que l’étude des systèmes de stockage des denrées (silos).

Fig.7: Exemple de coupe réalisée dans les systèmes fossoyés. Crédit : Éveha, 2025.