Mansle (16) – Avenue Paul Mairat

La fouille menée sur le site de Mansle, Avenue Paul Pairat a été réalisée par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Graziella Tendron. Elle intervient dans le cadre du projet d’aménagement d’un centre d’incendie et de secours. L’emprise prescrite, couvrant une surface de 5000 m², est localisée au sud-ouest de la commune, dans une zone archéologique sensible (ZPPA), des indices d’occupations anciennes ayant été observés depuis le XIXe siècle.

Les indices les plus nombreux concernent l’Antiquité et pourraient appartenir à une agglomération secondaire, se développant au sud-ouest de la ville actuelle. Cette agglomération se développe à un carrefour de voies antiques, reliant Rom à Périgueux et Chassenon à La Terne, et comprend un sanctuaire composé de plusieurs temples prenant place à l’ouest d’un espace clos par une enceinte, localisé à 250 m au sud-est de l’emprise prescrite, au lieu-dit « Plantier de la Bosse ». Cette occupation pourrait correspondre au Sermanicomagus de la Table de Peutinger, situé entre Aulnay et Chassenon. Toutefois d’autres localisations, comme Saint-Cybardeaux ou Luxé, sont envisagées. Une villa antique a été repérée en prospection aérienne au nord de la ville, au lieu-dit Les Combes. Des indices d’occupations antérieures ont également été identifiés sur le territoire de la commune. Le site du « Plantier de la Bosse » a livré du mobilier néolithique (hache polie, lithique) et protohistorique (céramique) en contextes résiduels. Par ailleurs, deux groupes d’enclos circulaires protohistoriques ont été repérés en prospection aérienne, dont l’un à une soixantaine de mètres au sud de l’emprise prescrite.

La fouille fait suite à un diagnostic archéologique réalisé en décembre 2018. Elle a révélé 260 structures appartenant à plusieurs occupations datées de la Protohistoire ancienne à l’Antiquité.

MANSLE (16), Avenue Paul Mairat, plan d’ensemble des vestiges, B. Hollemaert et E. Veau © Éveha

L’occupation attribuée à la Protohistoire ancienne reste difficile à cerner, le mobilier se trouvant souvent piégé au sein de dépressions naturelles. Il est probable que cette occupation soit moins développée que prévue.

En revanche, la fouille de certaines structures, notamment des trous de poteaux ayant accueilli des supports de section quadrangulaire pourraient renvoyer à une occupation plus récente (Protohistoire récente). Une monnaie gauloise à la croix a d’ailleurs été découverte dans le comblement de l’une des structures.

Bien qu’aucun plan complet de bâtiment n’ait été observé avec certitude, il semblerait que plusieurs trous de poteaux puissent fonctionner ensemble. Certains, présentant des calages correspondant à des poteaux quadrangulaires, sont suffisamment ancrés au sol pour être interprétés comme des éléments porteurs. Si au second âge du Fer, les plans de bâtiments quadrangulaires dominent (greniers, bâtiments à parois déportées), les ensembles matérialisés par des alignements de deux ou trois poteaux porteurs existent aussi pour des architectures plus réduites. Les exemplaires mis en évidence à Mansle pourraient s’inscrire dans cette catégorie.

Dans la majorité des cas, les fosses identifiées sont peu profondes. Seuls quelques rares exemples atteignent ou dépassent 1,30 m. Le mobilier extrait de ces structures est relativement rare. Aussi, les comblements ayant livré des charbons de bois ont fait l’objet de prélèvements en vue de datations 14C.

Le secteur bâti antique se concentre au sud-ouest de l’emprise. Les maçonneries conservées se limitent aux assises de fondation, les élévations, de facture soignée, pouvant être appréhendées par différentes composantes extraites des niveaux de démolition. Ceux-ci ont, en effet, livré des moellons appareillés et des fragments de joint tirés au fer.

Maçonneries et niveaux d’effondrement du secteur sud-ouest, cliché É. Veau, © Éveha

Aucun niveau d’occupation n’est conservé. En revanche, il semble que les sols se composaient au moins partiellement de blocs de grand appareil en calcaire, dont quelques exemplaires sont apparus au sein des niveaux de démolition.

Les études du mobilier et l’analyse des données de terrain se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.