Nanterre (92) – 70-72, rue Maurice Thorez

Les fouilles menées au 70-72 rue Maurice Thorez à Nanterre sous la responsabilité de Pierre Dumas-Lattaque, interviennent dans le cadre du projet d’aménagement de la Compagnie Foncière du Dôme. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour une occupation rurale composée de trous de poteau, de fosses, de silos, de puits et d’une cave datant essentiellement de la fin de l’âge du Fer (La Tène finale), et du début de ‘lAntiquité (période augustéenne au Haut-Empire). Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.

À l’issue de la fouille et avant toute étude du mobilier, quatre grandes phases d’occupation semblent se dégager : une première, précoce, peut être La Tène D1(-130/-75 avant notre ère) ; une deuxième, la principale, datée de La Tène D2 (-75/-30 avant notre ère)/période augustéenne (-30/+15 de notre ère) qui pourra être divisé en deux après l’étude de la céramique, une troisième datée du Haut-Empire (Ier/IIIe s. ap. J.-C.) et une dernière plus récente qui correspond à l’urbanisation du secteur en lien avec l’arrivée du chemin de fer au XIXe siècle.

Une occupation précoce de la fin de l’âge du Fer

Les vestiges que l’on attribue à une possible phase plus ancienne que La Tène D2 présentent plusieurs caractéristiques qui les différencient des autres vestiges. En premier lieu, leur comblement présente la particularité d’être très similaire au niveau naturel recouvrant les sables jaunes alluviaux, à savoir un limon sableux orangé, contrairement aux autres vestiges qui présentent un comblement de limon sableux brun à noir. En raison de leur faible lisibilité, ces vestiges ont surtout été vus lors du redécapage du site et se composent essentiellement de trous de poteau ainsi que de deux puits. La deuxième différence vient de la rareté du mobilier présent dans ces structures qui tranchent avec l’abondance visible dans les structures de la période d’après. Cette première occupation est difficile à caractériser en sortie de terrain, aucun plan de bâtiment n’est ressorti de la fouille et la quasi absence de fosses notamment de silos compliquent l’interprétation ; par défaut et vu la faible densité de vestiges, on s’orienterait vers une occupation rurale peut-être à vocation agricole.

Vue du puits ST 243, Éveha.
Vue du puits ST254, Éveha.

Des vestiges à la transition entre âge du Fer et Antiquité

La deuxième phase, la plus représentée, est celle de La Tène D2/période augustéenne. Elles se caractérisent par la présence de nombreux silos pour le stockage des récoltes de céréales, plusieurs fosses dépotoirs ainsi que des trous de poteau dont le comblement présente un grand nombre de fragments de torchis. En raison de la forte densité de vestiges, aucun plan de bâtiment n’a été identifié sur le terrain mais il semble probable qu’un bâtiment sur poteau soit présent dans la partie nord-est du site. Les structures de cette phase ont livré un mobilier abondant et caractéristique de la période, à savoir de l’amphore d’importation italique, de la sigillée italique, des vases de stockage en céramique de Besançon et des pots à décor lustré pour la céramique, des épées et des outils en fer ainsi que des clous pour le métal, des jetons, des fusaïoles et des pesons pour le petit mobilier, des meules et une grande quantité de restes de faune. Il est trop tôt pour se prononcer sur la nature de l’occupation mais la présence d’une batterie de silo et la faible présence de bâtiment font penser à une occupation rurale agricole.

Vue d’un silo, Éveha.
Vue de la fosse-dépotoir ST171 à gauche et du silo ST271 à droite, Éveha.
Vue du trou de poteau ST188, Éveha.
Vue de l’épée issu de la fosse 215, Éveha.

Un site à vocation agricole de l’Antiquité

La troisième phase correspond à l’occupation antique qui semble suivre sans hiatus l’occupation augustéenne. Elle est principalement représentée par la cave découverte au centre de la parcelle. Cette dernière est accompagnée d’un certain nombre de fosses dépotoirs ainsi que d’un probable cellier et d’un foyer qui pourrait se situer dans un bâtiment au contour mal perçu (présence d’un possible radier de fondation). La cave qui mesure environ 3 m sur 4 m est conservé sur 2,20 m de profondeur. Elle présente des niches sur ces parois nord, est et sud ainsi qu’un probable soupirail au sud. Côté ouest, l’escalier en pierre est conservé sur toute sa longueur. Un relevé photogrammétrique a été réalisé sur cet ensemble. Le comblement de la cave a livré, outre de la céramique, de la faune, des pesons en pierre et des objets en métal, un petit lot d’enduits peints de datation a priori assez précoce. L’occupation antique correspond à un site à vocation agricole. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées ; il pourrait s’agir d’une partie de la pars rustica d’une villa (avec une cave isolée ou appartenant à une villa à pavillon) ou bien il s’agit d’un habitat isolé de type ferme.

Vue sommitale de la cave antique, Éveha.
Vue de l’intérieur de la cave antique, Éveha.
Vue de la fosse-dépotoir ST317, Éveha.
Restes d’un foyer, Éveha.
Mise en caisse sur le terrain de fragments d’enduits peints issus de la cave antique, Éveha.

Aménageur : Compagnie Foncière du Dôme
Suivi SRA : Edouard Jacquot
Responsable d’opération : Pierre Dumas-Lattaque
Suivi Éveha : Nicolas Pimpaud