BELLEVILLE-EN-BEAUJOLAIS (69) – Fontenailles

Les fouilles menées sur le site de Fontenailles à Belleville-en-Beaujolais (Rhône) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Thierry Argant au cours de l’été 2020. Elles sont intervenues dans le cadre du projet d’aménagement d’un bassin de rétention d’eau en aval de la Zone d’Aménagement Concerté Lybertec. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour les vestiges d’un habitat aggloméré datant de l’Antiquité.

Habitat antique, matériaux de construction et artisanat

L’occupation antique s’installe manifestement en bordure d’un axe important lié à la vallée de la Saône et reprenant potentiellement le cours d’un chenal de la rivière, comblé pour l’occasion dès le début du 1er s. ap. J.-C. On peut également supposer la proximité d’un croisement avec un axe perpendiculaire en provenance du Beaujolais d’où provient notamment l’essentiel des matériaux utilisés pour la construction des bâtiments. Celle-ci met également en œuvre une très grande quantité de terres cuites architecturales, dont de nombreux surcuits, laissant entrevoir une production sur place. Néanmoins, aucune structure liée à cette industrie n’a pu être mise en évidence.

Seule l’exploitation d’une carrière de matériaux limono-sableux taillée dans une terrasse ancienne de la Saône a pu être révélée. Des échantillons de ces sédiments ont d’ailleurs été sélectionnés par l’équipe du laboratoire de céramologie de Lyon (Arar, UMR 5138) pour nourrir la base de données de caractérisation des pâtes qui permet de constituer des référentiels géochimiques nécessaires ensuite à l’étude de la diffusion des productions de ces ateliers ou centres producteurs.

Dès la phase de terrain, une attention particulière a été portée sur les tegulae (tuiles à rebords de l’Antiquité) afin de détecter d’éventuelles marques de fabricants, en lien avec l’enquête menée par le laboratoire Arar sous la houlette de Jean-Claude Béal sur les tuiliers officiant dans la région pendant la période antique.

Coupe de la carrière en gradins avec son remplissage détritique. Crédit : Th. Argant, Éveha, 2020.

Une intense activité artisanale se développe en règle générale sur le site, avec de nombreux foyers et fours métallurgiques (?) et des accumulations de scories ferreuses, des chutes de métal (alliages cuivreux, plomb, fer). Ces témoins sont notamment localisés dans la partie méridionale de l’agglomération, plus fruste en terme de constructions.

Structuration de l’habitat

L’agglomération est limitée au sud par un fossé au-delà duquel plus aucune structure n’a été mise en évidence. Son tracé est-ouest reprend celui d’un grand fossé en V palissadé daté a priori du premier âge du Fer (8e s.-5e s. avant J.-C.) qui traverse toute l’emprise de fouille. Au nord de celui-ci, quelques indices ténus et isolés témoignent d’une probable occupation de cette période plus ancienne.

Coupe transversale du fossé du premier âge du Fer recoupé par le fossé antique limitant au sud l’occupation (F.298). Crédit : Th. Argant, Éveha, 2020.

Une première analyse du plan des vestiges a mis en évidence une scansion de l’habitat en lanières séparées par des ambiti (terme employé pour désigner l’espace ménagé entre deux propriétés) matérialisés par des caniveaux permettant un drainage efficace du terrain très argileux et accusant une pente d’ouest en est. Ce découpage reste à confirmer et surtout à affiner par l’analyse chronologique. En effet, plusieurs phases ont été mises en évidence entre la période augustéenne (27 av. J.-C. à 14 ap. J.-C.) et le 3e siècle de notre ère, qui marque la fin définitive de l’occupation.

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.

Vase enterré dans l’angle d’un bâtiment contenant un second récipient en surface et une monnaie au fond. Il s’agit peut-être d’un dépôt de fondation. Crédit : J. Saadi, Éveha, 2020.
Cuillère-sonde perdue dans un radier de sol en terres cuites architecturales concassées. De nombreux objets métalliques ont ainsi été retrouvés. Crédit : Th. Argant, Éveha, 2020.
Plan masse brut des vestiges. Crédit : Th. Argant, Éveha, 2020.