BONDOUFLE (91) – Impasse René Lacoste, ZAE de la Marinière

Les fouilles menées sur le site de Bondoufle, Impasse René Lacoste, ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité d’Audrey Jezuita. Elles interviennent dans le cadre du projet d’aménagement de la Communauté d’Agglomération Grand Paris Sud Seine-Essonne-Sénart. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour un habitat rural groupé très dense daté principalement du haut Moyen Âge (env. 476 – 1000 ap. J.-C.).

Contexte

Différentes phases de diagnostics ont été réalisées entre 2008 et 2014 sur l’ensemble des parcelles constituant la Zone d’Activités Économiques (ZAE) de la Marinière localisée entre les communes de Fleury-Mérogis et Bondoufle. Cette ZAE vient s’intercaler entre les deux autres zones également diagnostiquées et, en grande partie, fouillées : La ZAC des portes de Bondoufle et la zone commerciale de la Remise de la Croix-Blanche à Fleury-Mérogis. Sur ces secteurs, une occupation gallo-romaine ainsi qu’un habitat groupé rural présent à la période mérovingienne et se développant à l’époque carolingienne pour perdurer jusqu’au 12e siècle y avaient été mis au jour.

Résultats

La fouille présentée ici concerne la parcelle 353P de la ZAE de la Marinière, bordée au nord par un chemin communal dit « chemin de Fleury-Mérogis » reliant les églises des deux communes sus-nommées. L’emprise concernée par la fouille s’étend sur 8000 m². À l’issu du décapage, 908 faits ont été recensés correspondant à des fossés, des fosses, une vingtaine de silos (Fig. 1), sept fonds de cabane (Fig. 2), un très grand nombre de trous de poteau groupés ne formant pas d’unités d’habitation distinctes en état de l’avancée des études, une structure de combustion (four culinaire), ainsi qu’un petit ensemble funéraire de huit sépultures localisé à la limite ouest de l’emprise.

Quelques faits datant de la Protohistoire ont été repérés, recoupés par les structures du haut Moyen Âge, dont notamment un fossé. D’une largeur d’environ 3 m et localisé au sud-ouest de l’emprise, il est orienté ouest-est puis sud-nord. Des silos et un bâtiment repéré lors de la phase de diagnostic viennent s’implanter au-dessus. La majeure partie des vestiges semble ainsi dater de l’époque carolingienne (env. 700 – 1000 ap. J.C.). L’ensemble des structures semblent être abandonnées fin 11e – début 12e siècle, mais ces datations seront à préciser après l’étude céramologique et l’étude des charbons de bois prélevés dans les nombreux négatifs de poteau mis au jour (Fig. 3).

Au sein de l’ensemble funéraire, les huit sépultures étaient principalement orientées la tête à l’ouest, sauf pour une tournée la tête au nord. Elles feront l’objet d’une datation au Carbone 14 afin de déterminer si cette petite population inhumée était contemporaine de l’occupation carolingienne – à l’époque ou l’habitat, très dense s’étendait sur env. 500 m de long -, ou si elle lui était antérieure, faisant de ces personnes inhumées les premiers résidents de l’occupation médiévale.

Fig. 1 : Vue en coupe d’un silo. Crédit : Éveha, 2020.
Fig. 2 : Vue zénithale à la perche d’un fond de cabane et des installations attenantes. Crédit : Éveha, 2020.
Fig. 3 : Vue en coupe d’un trou de poteau avec négatif. Crédit : Éveha, 2020.

La densité des vestiges sur l’emprise (Fig. 4) ne permet pas, en état actuel des travaux de post-fouille, de discerner une organisation de l’habitat (unités de production artisanales, bâtiments d’habitation, unités agricoles). Un phasage issu de l’étude du mobilier couplé avec des datations au Carbone 14 permettront à terme de dégager une organisation par période (Protohistoire, mérovingienne, carolingienne, Moyen Âge central) afin de documenter l’évolution de l’habitat au cours des siècles.

Fig. 4. Plan d’ensemble des vestiges mis au jour sur l’emprise. Crédit : Éveha, 2020.

Bilan et perspectives

La fouille de la parcelle a donc permis de mettre au jour la limite sud-est d’une occupation alto-médiévale dense aux activités variées. En effet, une activité agricole importante a été révélée par le nombre de silos de gros gabarit pouvant mesurer 1.90 m de profondeur. Une activité métallurgique (Fig. 5) a également été mise en évidence à proximité immédiate de l’emprise. En effet, de nombreux comblements de structures diverses (trous de poteau, fonds de cabane, fosses, silos, rares fossés) ont livré des scories et de potentiels rejets de battitures mises en évidence lors du diagnostic de 2008 (Inrap). Les futurs aménagements de la ZAE permettront de venir compléter les données tirées de la fouille de 2020 aussi bien que celles de 2018 (O. Royer-Perez) qui concerne la limite sud-ouest de l’habitat.

Fig. 5. Vue en coupe vers le nord-est de la fosse où de nombreuses scories ont été retrouvées. Crédit : Éveha, 2020.

La zone impactée par l’aménagement de la ZAE de la Marinière présente donc un intérêt scientifique majeur pour la connaissance du haut Moyen Âge en Essonne, pouvant compléter les données issues d’autres fouilles dans le département (Bruyères-le-Châtel, Brétigny-sur-Orge, Fleury-Mérogis ZAC de la Croix Blanche). À terme, ces recherches archéologiques nous permettront de bien comprendre l’occupation du territoire de Bondoufle et Fleury-Mérogis au début du Moyen Âge, son évolution au cours du temps ainsi que son organisation, ses fonctions au sein du territoire, le statut social et économique de la population et le rapport de l’habitat avec son environnement immédiat avant, enfin, son abandon entre les 11e et 12e siècles pour une centralisation de la population autour des paroisses de Fleury-Mérogis et Bondoufle et/ou autour du château du seigneur de Bondoufle (première mention dans les documents d’un seigneur de Bondoufle au 12e siècle, nommé Robert de Fleury).