VIEILLEVIGNE (44) – Carrière du Pâtis

Les fouilles menées sur le site du Pâtis à Vieillevigne (44) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Yann Dufay-Garel. Elles interviennent dans le cadre du projet d’extension de carrière exploitée par CMGO (fig. 1). Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour un ensemble monumental de la fin de l’âge du Fer ainsi qu’un axe de communication et des fossés datant de l’Antiquité.

L’occupation de La Tène finale est caractérisée par un vaste enclos fossoyé carré de 83 m de côté (fig. 2 et 3). Il est muni d’un porche d’entrée construit sur quatre poteaux au centre de sa façade ouest ainsi que d’une probable seconde entrée en vis-à-vis à l’est, matérialisée par deux gros poteaux. Parfaitement centré à l’intérieur de l’enclos, un bâtiment sur cour carré de 46 m de côté a été mis au jour. Il est constitué de quatre ailes, larges de 4,8 m, édifiées sur dix tierces de poteaux (fig. 4). La rangée centrale est la mieux fondée, ce qui indique une construction sur poteaux porteurs de faîtière. Contrairement aux poteaux des lignes interne et externe, les poteaux faîtiers montrent tous la présence d’un négatif probablement quadrangulaire de 35 à 40 cm de côté. Deux accès ont été aménagés dans le bâtiment, au centre de ses ailes ouest et est, en face des entrées de l’enclos.

Les quatre ailes du bâtiment encadrent une cour de 1 320 m² presque vide de vestiges à l’exception notable d’un bâtiment rectangulaire à quatre poteaux porteurs et paroi rejetée (fig. 5). Situé au centre de l’enclos, il est orienté à l’ouest, dans l’axe de l’entrée principale du complexe monumental.

La fouille exhaustive des fossés de l’enclos a livré une faible quantité de mobilier, principalement céramique, datant de La Tène finale. De la céramique et des tuiles de couverture antiques ont également été mises au jour dans le comblement supérieur du fossé occidental de part et d’autre du porche d’entrée, ce qui suggère une poursuite de l’occupation au moins au début de l’Antiquité. De même, deux puits ayant livré du mobilier antique ont été étudiés sur le site, l’un à l’intérieur de l’enclos, l’autre recoupant son fossé est. Fouillés intégralement grâce à l’intervention du pôle « Fouille en milieu confiné », les puits affichaient une profondeur respective de 2,20 m et 2,90 m.

Après l’abandon de l’ensemble monumental, un axe de communication antique est mis en place et traverse l’enclos selon une orientation nord-ouest sud-est. Il est matérialisé par deux fossés bordiers encadrant une bande de roulement de 10 m de large. La voie se dirige, à l’ouest, hors de l’emprise fouillée, vers une occupation dense d’époque laténienne et antique mise au jour lors du diagnostic. Ainsi, les trois fossés antiques identifiés près de la limite ouest de la fouille pourraient fonctionner avec cette occupation.

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation. Une réflexion devra être menée sur la fonction du complexe monumental mis au jour, au regard notamment de la série très restreinte de sites dotés d’un bâtiment sur cour en France (Corent, Bibracte, Trégueux, Thézy-Glimont).