TREMBLAY-EN-FRANCE (93) – Vallon du Sausset, rû du Sausset, bassin de rétention sud

Les fouilles menées sur le site du « Vallon du Sausset, rû du Sausset, bassin de rétention sud » à Tremblay-en-France (93) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité d’Aurélie Mayer. Elles intervenaient dans le cadre du projet d’aménagement de la ZAC Aérolians, comportant la réalisation de plusieurs bassins de rétention à proximité du rû du Sausset, dernier ruisseau non aménagé de Seine-Saint-Denis. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour une occupation du terroir depuis le Néolithique jusqu’à l’époque moderne.

Démarrée en août 2019, la fouille archéologique comportait dans un premier temps un décapage extensif de 5,3 ha, ramené à un peu plus de 3 ha fouillés, sélectionnés en accord avec le service régional de l’Archéologie (DRAC-SRA Île-de-France). En raison d’un nombre de sépultures beaucoup plus élevé qu’attendu et de l’impossibilité de fouiller en hiver, cette première phase de fouille centrée sur l’habitat s’est terminée à Noël 2019. La seconde phase, concernant exclusivement la nécropole, n’a pu débuter qu’après la fin du confinement lié à la pandémie de Covid-19, en juin 2020, pour se terminer début décembre 2020.

Résultats

Un potentiel bâtiment néolithique (env. -6000 à -2200 av. J.-C.) avait été identifié lors du diagnostic. Si le décapage de la zone centrale de l’emprise a effectivement fait apparaître un niveau grisâtre comportant du mobilier datable de la période, aucune structure n’est clairement apparue. L’enregistrement du mobilier au décapage (par ISO), des zones test fouillées à la main et la réalisation d’une analyse macro et micro-morphologique dès la phase terrain n’ont pas permis d’identifier de niveau d’occupation associé à ce mobilier (circulation, niveau détritique). La répartition du mobilier néolithique retrouvé dans les cuvettes semble être corrélée à une longue modification de la topographie par érosion/troncature des points hauts (colluvionnement, labours) et remaniement/recouvrement des points bas (transfert, déposition). En outre, la nature des sédiments, la bioturbation et la mise en culture du versant ne constituent pas des paramètres favorables à la bonne conservation d’éventuels niveaux de circulation et structures associées antérieurs à la période historique.

De rares structures datées largement de la période protohistorique sont apparues dans l’emprise fouillée, ainsi que du matériel erratique dans le niveau grisâtre contenant des artefacts néolithiques. Elles peuvent être rapprochées de l’occupation fouillée à l’été 2020 par Archéopôle (responsable d’opération : J. Delas), au nord du chemin des Saint-Pères.

L’occupation la plus marquée mise au jour concerne le haut Moyen Âge (env. 476 à 1000 ap. J.-C.) avec un habitat identifié dans la partie basse de l’emprise au plus près du rû du Sausset et une vaste nécropole dans l’angle nord-est de l’emprise. Les deux secteurs sont séparés par plusieurs fossés délimitant l’espace des vivants de celui des morts.

Les vestiges de l’habitat du haut Moyen Âge sont à relier directement aux découvertes effectuées en 2015 par A. Poirot et son équipe (Archéodunum) au sud du rû. Les marges de cette occupation sont apparues dans l’emprise de la fouille de 2019, dans deux zones principales. À l’ouest, deux bâtiments sur poteaux accompagnés de nombreuses fosses et fonds de cabane ont été identifiés, ainsi qu’à l’est plusieurs niveaux de fonds de cabane, entre autres. Différents chemins, dont la dernière phase d’utilisation semble moderne, traversent l’emprise du nord au sud. Le tout est accompagné de fossés rattachés à l’occupation du haut Moyen Âge. Ces structures sont classiques et il conviendra d’étudier leur répartition et leur fonction, notamment dans le cadre du Projet collectif de recherche (PCR) « Évolution du terroir de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) du 5e au 12e siècle ».

Vue de deux fonds de cabane à 6 poteaux et vue partielle d’un possible autre fond de cabane. Crédit : Éveha, 2019.
Deux fonds de cabane après fouille complète. Crédit : Éveha, 2019.

Une nécropole alto-médiévale avait été identifiée au nord-est lors du diagnostic avec une estimation à plus de 300 sépultures. Par la suite, l’arrêté de fouille initial a été modifié afin d’inclure la surface située au nord, jusqu’au chemin agricole, pour tenter d’englober l’intégralité de l’espace sépulcral. Lors du décapage effectué en août 2019, il s’est avéré que la nécropole couvrait effectivement une surface de près de 3000 m². En 2019, ce sont plus de 400 faits funéraires (sépultures primaires, réductions, etc) qui ont été fouillés, pour 500 identifiés. Cependant, de très nombreuses sépultures restaient à mettre au jour. En effet, les conditions de décapage (sol privé d’eau, canicule) puis de fouille (pluies denses et fréquentes) ont largement compliqué l’identification des structures au sol. Les très nombreux vides subsistants, et une comparaison avec d’autres nécropoles similaires, laissaient entrevoir un chiffre final beaucoup plus conséquent. Après une interruption de plus de 6 mois, les investigations ont pu se terminer en 2020. La nécropole est bien complètement comprise dans l’emprise de fouille et sa durée d’utilisation est logiquement similaire à celle de l’habitat (6-12e siècles). Le phasage appréhendé durant la fouille sera à préciser par la suite, on notera parmi les faits marquants un changement majeur d’organisation de l’aire sépulcrale avec l’implantation d’un chemin orienté NE-SO passant au sein de la nécropole, probablement dans la seconde partie du haut Moyen Âge. Au total, plus de 1250 faits funéraires ont été recensés.

Ensemble de fosses sépulcrales mérovingiennes creusées dans le substrat, l’individu de gauche est accompagné d’un angon. Crédit : Éveha, 2020.
Individu présentant une fracture peri-mortem au niveau du membre inférieur droit. Crédit : Éveha, 2020.
Boucle de ceinture en cristal de roche. Crédit : Éveha, 2020.
Paire de fibules ansées digitées. Crédit : Éveha, 2020.
Bague cloisonée en or. Crédit : Éveha, 2020.

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation. Il s’agit d’une occasion rare d’étudier la quasi totalité d’une population en lien avec l’habitat aggloméré reconnu au sud du site.