SURIS (16) – Le Quérois

Les fouilles menées sur le site de la RN 141, lot 3 AFo1 au lieu-dit le Quérois, ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité d’Édouard Veau. Elles interviennent dans le cadre du projet d’aménagement en 2×2 voies de la RN 141 reliant Angoulême à Limoges. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour, sur une superficie d’environ 2 ha, les traces d’une occupation ancienne comprise entre l’âge du Bronze (env. -2000 à -800 av. J.-C.) et le second âge du Fer (env. -460 à -27 av. J.-C.).

Des anomalies naturelles

Sur les 200 fais observés au terme du décapage, 67 se sont révélés être liées à des activités anthropique. La fouille a ainsi révélé que de nombreuses anomalies enregistrées au sol correspondaient en réalité à des chablis (dépression du sol due à un déracinement naturel), majoritairement liés à l’aménagement paysager récent. Ces vestiges naturels ont été principalement observés dans la moitié sud de l’emprise, au milieu de structures fossoyées contemporaines tels que des piquets de clôture (les piquets en bois ont été retrouvés) ou des fossés de drainage. Ce réseau de drains contemporains se mêle à un maillage de fossés parcellaires, eux aussi contemporains, ce qui a rendu la lecture au sol difficile. En effet, ces aménagements, principalement liés à la gestion de l’eau (ce qui a aussi été une problématique lors de la fouille), se développent sur l’ensemble de l’emprise décapée.

Plusieurs occupations protohistoriques

Les structures anthropiques plus anciennes ont donc majoritairement été enregistrées dans la moitié nord de l’emprise. Une concentration de trous de poteau et de fosses, repérée en bas du terrain dans le quart nord-est, pourrait correspondre aux vestiges témoignant d’une occupation ancienne du site datée de âge du Bronze (env. -2000 à -800 av. J.-C.) ou du premier Âge du Fer (env. -800 à -460 av. J.-C.). Cependant à ce jour, l’absence de plan de bâtiment et de retour des études et analyses des données issues de la fouille ne permettent pas de confirmer cette hypothèse. Ces structures restent donc non datées.

Dans le quart nord-ouest de l’emprise, une concentration de trous de poteau a été repérée dont cinq semblent former un plan de bâtiment sur faîtière à parois déportées. En effet, deux poteaux faîtiers, espacés de sept mètres et profonds d’environ 50 centimètres, dessinent un axe nord-ouest / sud-est, et deux paires de poteaux plus petits se répartissent de part et d’autre de cet axe (matérialisant les parois). La datation de cet ensemble paraît, selon les premiers indices, attribuable au second âge du Fer (env. -460 à -27 av. J.-C.) mais ne semble pas contemporain du chemin creux retrouvé quelques mètres au sud.

Vue en plan du bâtiment sur poteaux. Crédit : Éveha, 2021.

Un chemin creux d’origine ancienne

Le chemin creux traverse l’emprise selon un axe est-ouest et paraît plus récent que les vestiges précédemment présentés. Il pourrait ainsi être attribué à la fin du second âge du Fer (La Tène, env. -150 à -27 av. J.-C.). Il faut noter la découverte d’une incinération en urne le long d’un des fossés bordiers. Celle-ci pourrait être contemporaine de la structure de circulation.

Les premiers résultats montrent donc une occupation ancienne du site dont les témoignages ont été fortement impactés par les aménagements contemporains (drainage, fossés parcellaires…). Les vestiges anthropiques semblent se concentrer dans la moitié nord de l’emprise et révèlent une occupation rurale domestique, éventuellement un habitat datant du second Âge du Fer, et un axe de circulation ainsi qu’une incinération qui paraissent plus récents, à savoir de La Tène finale voire du début de l’Antiquité (Haut-Empire, env. -27 av. J.-C. à 285 ap. J.-C.). Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.