SAINT-MARTIN-SUR-LE-PRÉ (51) – Les Pendus

Les fouilles menées en périphérie de Châlons-en-Champagne sur le site de Saint-Marin-sur-le-Pré, Les Pendus, ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Delphine Ravry. L’opération a concerné une vaste parcelle de 3,5
hectares.

Suite au diagnostic, la prescription visait deux ensembles différents. Le premier situé dans la partie centrale et articulé autour d’une vaste fosse dont le mobilier permettait un rattachement au Bronze final, et le second au sud de l’emprise se distinguait par
des fosses au remplissage charbonneux et des fosses oblongues. De plus, la présence de vestiges paléolithiques à quelques centaines de mètres à l’est a conduit la DRAC à demander une attention particulière sur ce type de vestiges. Ce qui a justifié la
présence d’un collaborateur de Paléotime, spécialiste de ces périodes durant toute la durée du chantier.

Absence d’occupation Paléolithique

Dès la première semaine de terrain, les deux transects prévus pour l’étude paléolithique ont été réalisés, offrant plus de 200 m de lecture continue. Gilles Gazagnol, de Paléotime, s’est occupé des descriptions préliminaires : « D’une profondeur moyenne de 1,50 m et jusqu’à 2 m ponctuellement, le profil observé ne montre aucun niveau humifère pouvant correspondre au sol Allerod identifié sur la parcelle plus à l’est. La séquence se compose principalement de niveaux de limon crayeux fin beige clair, par endroit surmonté d’une couche plus ou moins épaisse de limon brun-rouge très net ».

Le site n’a livré aucune trace d’occupation ou de mobilier paléolithique.

Des fosses du Bronze Final

Quelques fosses éparses et des batteries de silos émaillent le site. Certaines de ces structures ont livré un mobilier céramique relativement abondant et permis une datation de leur comblement au Bronze final IIb (1150-1020 a. J.-C.). Pour cette période, nous avons aussi mis au jour deux incinérations.

Incinération de l’âge du Bronze. Crédit : Éveha, 2021.

Une importante occupation Mésolithique et Néolithique

Mais ce sont les périodes plus anciennes qui ont livré les structures les plus nombreuses, avec principalement trois grands types bien définis :

  • des fentes (Schlitzgruben) (44 identifiées)
  • des fosses circulaires profondes (125 identifiées)
  • des fosses à tétons (30 identifiées)
Fosse à téton. Crédit : Éveha, 2021.

Au sein de ces catégories, les profils sont variés, tout comme les comblements, et leurs dimensions sont conséquentes.
Ces structures, au final beaucoup plus nombreuses que les structures du l’âge du Bronze, nous renvoient à des occupations plus anciennes, Néolithique et Mésolithique. La plupart ont livré de nombreux charbons qui serviront au calage chronologique, car il
n’y a de toute façon quasiment aucun mobilier.
Si une telle densité n’était pas attendue, leur présence n’est pas une surprise, le site jouxtant le gisement de fosses mésolithiques mis au jour sur le site de Recy – Saint-Martin-sur-le-Pré le Mont Grenier – Parc de référence (fouille de N. Achard-Corompt).

Un aménagement des fosses en « guirlande »

On constate une répartition bien particulière des fosses en fentes, en particulier en bordure sud du site, où l’aménagement en guirlande est très semblable à ce qui a été mis au jour sur le site de La Villeneuve au Châtelot Les Communes en 2019 (RO :
Ravry D., en cours). Les fosses profondes semblent disposées de telle manière qu’elles dessinent parfois des espaces circulaires.
Les fosses à tétons se trouvent à proximité des fosses profondes et sont essentiellement concentrées au centre du terrain.

De nombreuses études à venir dont le taux de carbonatation

De nombreux prélèvements ont été réalisés, ils permettront des études carpologiques, anthracologiques et/ou palynologiques, selon les possibilités et les orientations scientifiques choisies.
Une étude des taux de carbonatation est envisagée sur quelques structures. Ces taux seront corrélés aux datations C14. L’idée est de vérifier si ce phénomène de carbonatation secondaire relève de processus naturels ou non, et s’il est bien délimité dans le temps (il semble pour l’heure s’arrêter avec le Néo moyen). C’est une approche un peu expérimentale, mais déjà mise en pratique sur quelques sites dans la région par l’Inrap. Le but est d’accroître les données et de les comparer.
Enfin une étude micromorphologique sera réalisée sur un nombre réduit de prélèvements réalisé dans des structures de type varié.

L’étude de toutes ces données viendra notamment enrichir le corpus déjà conséquent en Champagne-Ardennes des fosses mésolithiques (fosses circulaires profondes) et des Schlitzgruben. Elle offrira aussi des informations complémentaires sur les
occupations de l’âge du Bronze dans ce secteur périphérique de Châlons-en-Champagne.

Silo 1. Crédit : Éveha, 2021.
Fente de type Schlitzgruben. Crédit : Éveha, 2021.
Crâne d’auroch. Crédit : Éveha, 2021.