PAGNY-SUR-MOSELLE (54) – Rue de la Victoire

Dans le cadre du projet d’aménagement d’un lotissement par Arcatures développements, des investigations archéologiques ont été réalisées sur le site de Pagny-sur-Moselle, Rue de la Victoire par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Rémy Wassong. Menées une surface de 5290 m², ces recherches ont permis de mettre au jour les vestiges d’un habitat de l’âge du Fer bordant un ruisseau et comblé à cette période, ainsi que des aménagements de jardin des périodes moderne et contemporaine.



Plan des vestiges du site. Crédit : Éveha, 2022.

Des indices d’occupations antérieures à l’âge du Fer

Lors de la fouille du paléochenal*, quelques tessons particulièrement émoussés, possiblement datés du Néolithique, ont été découverts dans les niveaux les plus anciens.
De plus, en bordure de ce paléochenal, une hache plate en bronze pouvant être datée du Bronze ancien a également été mise au jour.

À l’heure actuelle, aucun autre vestige n’est attribuable à ces périodes.

* paléochenal : terme géologique décrivant un vestige d’une rivière ou d’un ruisseau inactif qui a été rempli ou enterré par des sédiments plus jeunes.

Un hameau à vocation artisanale de l’âge du Fer ?

Sur les huit plans de bâtiments identifiés lors de la fouille, cinq pourraient être attribuables au premier âge du Fer (-800 à -460 av. J.-C.). Il s’agit de bâtiments sur quatre poteaux de plans carré ou rectangulaire et ayant une superficie comprise entre 5,5 et 30,25 m².
La plupart des vestiges de cette période se situe sur la frange est du site. L’installation s’est faite à proximité du ruisseau qui a, en partie, servi de dépotoir. Quelques épandages épars de céramique, de faune et de fragments de meules ont été découverts lors de la fouille du chenal. Au sud, une zone a livré une grande quantité de rejets d’activités métallurgiques (scories, culot de forge) qui attestent de la présence d’activités de réduction de minerai en dehors de l’emprise de la fouille. En revanche, aucun élément ne permet d’évoquer la présence d’activités de forge in situ. Toujours dans la partie est du site, une grande fosse de rejet a livré une grande quantité de mobilier céramique qui alimentera grandement le corpus lorrain, habituellement caractérisé par des sites pauvres en céramique. À noter enfin la découverte de quelques fusaïoles attestant de la pratique d’activités liées au textile.

À cela s’ajoutent quelques indices d’une occupation du second âge du Fer (entre -250 et -27 av. J.-C.). Le fossé orienté nord-sud daté de cette période lors du diagnostic n’a pas été retrouvé lors du décapage. En revanche, dans la partie nord du site, une portion de fossé orienté est-ouest à été découverte et fouillée, mais aucun indice ne permet à l’heure actuelle de le dater de la fin de l’âge du Fer. Il est possible que les bâtiments situés au nord de l’emprise puissent être rattachés à cette période. Cela devra être confirmé par l’analyse du mobilier et des prélèvements. On notera par ailleurs, la découverte d’un fragment de bracelet en verre simple à section en D de couleur marron-ambré généralement attribué à des contextes datés de la fin de l’âge du Fer (La Tène C2 ou, plus fréquemment, de La Tène D).

Vue en coupe d’un trou de poteau contenant un fragment de céramique protohistorique. Crédit : Éveha, 2022.

L’époque moderne et contemporaine

Quelques vestiges pourraient être attribués à des aménagements datant du XVIIIe au XXe siècle. Les structures découvertes dans les parties nord et ouest du site sont principalement en lien avec le jardin d’agrément créé durant le second quart du XIXe et associé au parc Parison, situé en face, et encore actif aujourd’hui. La portion ouest de la parcelle fouillée a d’ailleurs gardé cette fonction jusqu’à l’après Seconde Guerre mondiale. Il s’agit principalement de trous de poteau ayant pu servir de clôture et de fosses de plantation matérialisant vraisemblablement une haie. La fouille a également permis la documentation d’un étang artificiel et des canalisations qui lui sont reliés dans sa partie sud.

Photographie de la canalisation contemporaine vue en coupe. Crédit : Éveha, 2022.

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.