La fouille de Saint-Just-Sauvage « La Vallée de L’Etournay Zone 2 » (Marne) a été menée par une équipe d’Eveha Troyes placée sous la direction de Jan Veron durant l’été 2022. Il s’agissait de la seconde opération menée en amont de l’extension des carrières de granulats et de sable exploitées par la société Morgagni-Zeimett sur cette commune, la première opération ayant eu lieu un an auparavant sous la direction de Mathilde Petit.
Une occupation rurale
Le décapage de 3 hectares a permis de révéler une occupation rurale couvrant vraisemblablement sans interruption la fin de la période protohistorique et le début de la période antique (Fig. 1).
On notera la mise au jour d’au moins seize unités architecturales dont quatre à cinq greniers sur poteaux, quatre bâtiments à pans coupés et un vaste édifice à quatre travées couvrant 176 m² (Fig. 2).
Des enclos quadrangulaires
Outre les unités architecturales, trois enclos de forme quadrangulaire ont été mis au jour.
Le premier enclos est palissadé et couvre 550 m². Les rares fragments de céramiques que sa fouille a livré indiquent qu’il a été scellé à la protohistoire (Fig. 3). Des alignements de poteaux retrouvés dans sa partie interne indiquent la présence d’une construction dont l’agencement nous échappe encore. À ce stade de l’étude, il semble aussi bien pouvoir s’agir d’un enclos d’habitat que d’un corail à bestiaux.
Le deuxième, comblé au Haut-Empire, n’a pu être observé qu’en partie. Il est cependant possible de dire qu’il couvrait une surface supérieure à 500 m². Dans son périmètre, un puits également scellé à l’antiquité a pu être fouillé intégralement, non sans l’aide d’une micro-pompe. Cette opération a permis d’observer des éléments de cuvelage en bois en place, conservés sous le niveau de la nappe phréatique (Fig. 4). Les planches ont été prélevées en vue d’une étude xylologique et d’une datation dendrochronologique.
Le troisième enclos est double : il est constitué de deux carrés imbriqués l’un dans l’autre de respectivement 21m et 15 m de côté (Fig. 5). Il a également été comblé durant l’Antiquité. Si cette configuration rappelle la forme des fana antiques, aucun autre élément ne permet de le rattacher à la sphère cultuelle. Au regard du niveau d’apparition des fossés (directement sous le labour), il nous semble également possible qu’il s’agisse d’un ensemble funéraire arasé. À ce stade aucune hypothèse n’est privilégiée.
Enfin, une zone humide a été mise au jour dans la partie centrale de l’emprise prescrite. Sa fouille a révélé une succession de dépôts naturels et de niveaux anthropisés. Il semble s’agir d’une ancienne mare ayant pu servir de zone de rejets détritiques au cours de l’occupation du site. Une étude micromorphologique est prévue afin d’approfondir cette piste de recherche.