LA VILLENEUVE-AU-CHATELOT (10) – Les Argentolles, Le Rouest Zone 4

La fouille de La Villeneuve-au-Châtelot, « Les Argentolles, Le Rouest, Zone 4 », a été menée par une équipe du bureau d’étude Eveha sous la direction d’Aurore Lambert en amont de l’extension des carrières de sables et de graviers exploitées par l’entreprise Saint-Christophe.

Les objectifs de la fouille

Le cahier des charges, rédigé par le service régional de l’archéologie, identifiait cinq zones d’intérêt archéologique sur l’emprise de ce projet. La zone réservée 5 a été fouillée en 2015 par Axelle Letor, la zone réservée 3 en 2020 sous la direction de J. Veron, et les zones 1 et 2 à l’automne 2021 par M. Petit. La dernière zone à fouiller, la n°4, couvrait une surface prescrite d’environ 22 240 m² répartie en deux secteurs. Il s’agissait donc de la dernière zone concernée par l’arrêté de fouille.

Les principaux objectifs de la fouille étaient de :

  • définir et comprendre le développement dynamique de la zone d’étude dans le temps,
  • replacer le site dans son contexte géographique et culturel, et particulièrement par rapport aux données archéologiques des zones réservées précédemment fouillées et des autres fouilles réalisées dans la région,
  • replacer le site dans son contexte environnemental et étudier l’impact sur l’environnement local des différentes phases de l’occupation.

La prescription offrait ainsi l’opportunité d’étudier sur un vaste terroir l’évolution spatiale, fonctionnelle et sociale d’occupations comprises entre le Néolithique et l’époque moderne voire contemporaine.

Vue générale des emprises de fouille (secteur 1 au premier plan, secteur 2 à l’arrière plan). Crédit : Éveha, 2022.

Le point d’eau

La découverte d’un point d’eau supposé être une fosse de rouissage de 8 *7m est à signaler (Fig. 2). La structure se présente sous la forme d’une fosse circulaire clayonnée en partie interne par des branchages horizontaux et piquets verticaux au sein d’un creusement quadrangulaire, d’accès potentiel au sud et à l’est creusés dans le substrat. Lors de la fouille, la présence de traces de tiges d’herbacées et d’arbres avec de bons états de conservation et préservation a été observée. Ces éléments végétaux sont répartis à plat en présence d’effondrement du clayonnage de paroi, à un niveau supérieur par rapport au creusement initial de la fosse. Aucun mobilier, hormis un fragment d’os animal, n’a été découvert. Des analyses paléo-environnementales et chronologiques sur les éléments en bois sont envisagées.

Structure dite « point d’eau », supposée de rouissage en cours de fouille. La zone centrale est comblée de sédiment argilo-limoneux clair et correspond à une fosse circulaire. Ses parois sont plaquées d’un cuvelage en bois préservé. Crédit : Éveha, 2022.

Les fosses en « Y-V-W »

Sur les deux secteur, trois structures ont été identifiées en tant que fosse « à profil en Y-V-W » d’après leur morphologie et leur comblement : une possède un profil en W et deux des profils en U ou Y. Elles sont chacune isolées et orientées de manière distincte, bien que leurs dimensions soient proches. Des datations seront effectuées par radiocarbone si possible. Aucun mobilier n’a été découvert dans les niveaux inférieurs et intermédiaires. Elles seront comparées à celles précédemment découverte dans la zone 3 et datées du Néolithique et de l’âge du Bronze. D’ailleurs, deux ont conservées des éléments en bois (pieux et branchages) dans leur comblement rappelant le clayonnage découvert contre la paroi d’une des structures de la zone 3. Des analyses xylologiques sont envisagées.

Les fosses polylobées et les unités architecturales

Plusieurs unités architecturales ont été décelées lors de la fouille et sont actuellement en cours d’étude. À leur proximité immédiate se situent plusieurs fosses polylobées supposées d’extraction. Les mobiliers céramique et lithique semblent être caractéristiques de la Protohistoire. L’étude déterminera le lien entre les unités architecturales et ces fosses.
Plusieurs trous de poteau non datés et isolés évoquent des structures agropastorales non pérennes tels que des gerbiers par exemple.

Ensemble de fosses polylobées du secteur 01. Crédit : Éveha, 2022.
Unités architecturales. Crédit : Éveha, 2022.

Les enclos

Un enclos circulaire mal conservé a été découvert au sud du secteur 1, à proximité des fosses polylobées et des unités architecturales. Une datation radiocarbone nous permettra d’en qualifier la relation stratigraphique aux structures avoisinantes.
Des enclos fossoyés ont été découverts dans le secteur 1, continuant en secteur 2 pour certains et délimitant de vastes zones internes, sans aucune interruption nette, ni traces d’activités/occupations. Ces zones se poursuivent hors emprise de fouille.

Enclos fossoyé circulaire du secteur 01. Crédit : Éveha, 2022.

Le parcellaire

Sur l’ensemble de l’emprise, une trame parcellaire a été décelée semblant appartenir à différentes périodes :

  • fosses de plantation de la période moderne ou contemporaine, bordant parfois des enclos ;
  • fossés drainants contenant des éléments céramiques antiques ;
  • fossés contenant des éléments céramiques protohistoriques à déterminer.

Le nord du secteur 1 semble avoir été le lieu d’une occupation plus dispersée tandis que le sud du secteur subit une occupation plus dense. Le secteur 2, au nord de l’emprise, est constitué par une occupation peu dense et multi périodes avec plusieurs unités architecturales protohistorique ou antique et des fosses de plantations modernes ou contemporaines définissant un parcellaire.

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.