MIMIZAN (40) – 18 rue de l’Abbaye

Les fouilles menées au 18 rue de l’Abbaye à Mimizan (40) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Claire Pesenti dans le cadre du projet d’aménagement d’une résidence senior. Le site est situé à moins d’une centaine de mètres de l’église prieurale Saint-Marie, placée au centre de la sauveté de Mimizan et rattachée à l’abbaye bénédictine de Saint-Sever. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges allant de l’Antiquité à nos jours.

Des vestiges épars de l’Antiquité à la fin du Moyen Âge

Quelques fosses et un trou de poteau témoignent d’une occupation antique sur la frange sud du site.

De nombreuses fosses de dimensions diverses ainsi que quelques trous de poteau ont été mis au jour sur l’ensemble de la parcelle bordant la rue de l’Abbaye. Le fond de l’une d’entre elles est tapissé par des tuiles dont la fonction n’a pu être déterminée. Un mobilier céramique abondant, des fragments de tuiles et de gros blocs de garluche (matériau local), ne présentant pas d’organisation particulière, ont été retrouvés dans le comblement. Un fossé d’axe nord-ouest – sud-est traverse en partie l’emprise de fouille. Testé lors du diagnostic archéologique, il est daté des XIVe-XVe siècles.

Plan du site. Crédit : Éveha, 2022.
Fond de fosse tapissé de tuiles. Crédit : Éveha, 2022.

Des vestiges liés au prieuré Sainte-Marie

Une série de puits

Singulièrement, ce site a livré onze puits et puisards sur une surface réduite (environ 1600 m²) abandonnés entre la fin du Moyen Âge et la fin de l’Époque moderne. Ils mesurent 1,60 m de profondeur maximum. Leur niveau d’apparition est marqué une ouverture très large mais pas nécessairement circulaire ; le conduit est plus étroit. La fouille a permis la découverte d’un tronc de chêne évidé d’une quinzaine de centimètres d’épaisseur placé au fond pour stabiliser la structure. Un autre puits présente trois troncs d’arbre en remploi disposés au fond selon un plan quadrangulaire. Un apport d’argile pourrait avoir été utilisé pour la margelle d’une autre structure. D’autres sont maçonnés avec des blocs de garluche ou des briques. Probablement à la fin de l’Époque moderne ou au début de l’époque contemporaine, une nouvelle pratique semble se développer. Des tonneaux sont enfoncés profondément dans le sol et peuvent être superposés en guise de cuvelage. Les douelles sont maintenues avec des cerclages en bois liés. Le puits plus récent présentait des cerclages métalliques. La fouille n’ayant livré aucune trace d’habitat pour la période médiévale comme pour le début de l’Époque moderne, ces vestiges sont peut-être les témoins d’aménagements installés dans les jardins du prieuré Sainte-Marie ?

Puits avec cuvelage en briques. Crédit : Éveha, 2022.
Puits maçonné avec des blocs de garluche. Crédit : Éveha, 2022.
Tonneau en bois utilisé comme cuvelage. Crédit : Éveha, 2022.

Un édifice de l’époque Moderne

En bordure de la rue de l’Abbaye, un bâtiment dont les maçonneries sont perpendiculaires à cette dernière a été mis en évidence. Des niveaux de sol et de démolition sont associés à cette construction qui est conservée grâce à un incendie. Les découvertes du diagnostic la rattachaient à un bâtiment représenté sur le cadastre napoléonien de 1826 mais en l’état de la recherche, il est impossible de confirmer cette hypothèse.

L’aménagement forestier du XXe s.

Les vestiges de l’emprise nord de fouille témoignent de l’évolution du paysage et de l’exploitation des terres. Une allée bordée d’arbres et de fossés menée à la maison de maître du milieu du XIXe siècle encore en élévation aujourd’hui. Ces éléments sont visibles sur des photographies aériennes de 1937 et 1950. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les terrains, au nord et à l’est de cette bâtisse, pourraient faire l’objet d’une exploitation forestière comme le confirment les nombreuses fosses de plantation mises au jour.

1950. Crédit : IGN.
1977. Crédit : IGN.

Les études du mobilier ainsi que les données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation, peut-être en lien avec l’église Sainte-Marie.