VAYRAC (46) – La Rabanie

Dans le cadre de la déviation du bourg de Vayrac (Lot), une fouille préventive a été prescrite au lieu-dit la Rabanie. Cette intervention, coordonnée par le CD46, s’est déroulée en partenariat avec la société Éveha et sous la responsabilité de Karine Raynaud du 1er décembre 2021 au 30 janvier 2022.

L’emprise de 3500 m² occupe le bas d’un versant limitant le lit majeur du Maumont qui rejoint le cours de la Dordogne 6 km plus bas ; du fait de la période hivernale, elle s’est trouvée ennoyée et gorgée d’eau sur la majeure partie de la période de fouille (fig.2).

Fig. 1 : Vue générale du chantier. Crédit : CD46, 2021.
Fig. 2 : Ennoiement du chantier. Crédit : Éveha, 2021

La découverte de 100 structures dont un piège de chasse à profil en V

Au stade de la sortie de terrain, il est possible de présenter un premier état des lieux des découvertes archéologiques effectuées durant la fouille. Celle-ci a permis de mettre au jour environ 80 structures archéologiques dont une majeure partie sont des vestiges archéologiques en creux (fig.3).

Fig. 3 : Nettoyage d’un secteur d’habitat. Crédit : Éveha, 2021.

En l’état actuel des données, les périodes représentées sont le Néolithique moyen, le début du Bronze Final, le premier âge du Fer et l’Antiquité. La plus ancienne est représentée par un unique piège de chasse à profil en V (fig.4), première découverte de ce type dans le département ; elle a pu être datée au 14C du second quart du 4e millénaire av. J.-C., ce qui renvoie au Néolithique moyen.

Fig. 4 : Fosse à profil en V. Crédit : David Crescentini, CD46, 2021.

Des occupations à la Protohistoire

Au cours de la Protohistoire, une installation domestique laisse au sol plusieurs trous de poteau restés sans plan cohérent et quelques fosses riches en mobilier archéologique et qui pourvoient notamment un remarquable corpus céramique de la transition Bronze moyen / début du Bronze final (au 14C, 1300-1200 av. J.-C.). Il s’agirait d’une portion d’habitat (fig.5) dont nous avons une fenêtre de lecture de 1000 m² environ et qui pourrait se prolonger jusqu’à la transition du 2nd au 1er millénaire av. J.-C. (fig.6).

Fig. 5 : Trou de poteau, âge du Bronze. Crédit : Éveha, 2021.
Fig. 6 : Céramique de l’âge du Bronze Final. Crédit : CD46, 2021.

Après un court hiatus d’occupation, les lieux sont réinvestis à des fins d’habitat dans le second quart du 1er millénaire av. J.-C., soit la transition entre le premier et le second âge du Fer. Une ultime occurrence renvoie à l’exploitation du terrain durant l’Antiquité, et sans doute à l’aménagement de ce bas de versant soumis aux inondations et aux divagations du cours d’eau voisin le Maumont.

Des découvertes inédites

Parmi ces manifestations, aucune n’est de type funéraire. Les occupations documentées sur l’emprise illustrent donc l’évolution d’un bas de versant depuis la Préhistoire récente jusqu’à l’Antiquité et sont insérées dans une stratigraphie alluviale puis colluviale de nature sableuse, dont la porosité a facilité l’ennoiement des sédiments et a fortement contraint les conditions de fouille et les méthodes d’approches laissées possibles durant cette fouille hivernale. Globalement, ces découvertes sont la prolongation de celles évoquées lors de l’opération de diagnostic. En dépit des conditions de fouille très défavorables, certaines sont inédites ou viennent avantageusement documenter un contexte archéologique encore peu fourni pour les occupations de plaine ou de plein-air dans le département, traditionnellement plus investi par la recherche autour des sites d’abris ou de hauteur.