RÉMIRE-MONTJOLY (973) – Parc du moulin à vent

Le site Moulin à vent à Rémire-Montjoly a fait l’objet de sondages et d’une fouille menés sous la responsabilité de Guillaume Demeure dans le cadre du projet de restauration du moulin par la commune de Rémire-Montjoly.

Les sondages extérieurs : les fondations et les aménagements périphériques

La courte intervention s’est révélée complémentaire par rapport aux précédentes opérations archéologiques menées sur le site ou à proximité depuis maintenant près de 40 ans. Le premier point de vigilance concernait les fondations du bâtiment, qui ont été identifiées au sein des huit sondages périphériques. Elles se présentent sous la forme d’un socle de blocs de latérite lié par une matrice argileuse. Le mortier de sable et chaux, probablement présent partout à l’origine, ne subsiste qu’au nord-ouest et à l’ouest du moulin.

Les sondages extérieurs devaient également permettre une approche des éventuels aménagements connexes à l’utilisation du moulin (rampe d’accès, système de canalisation du vesou etc) ou postérieurs à son abandon. À ce titre, les résultats sont limités, toutefois un remblai d’occupation avec possible niveau de circulation en surface a été identifié sur tout le pourtour de l’édifice.

Vue d’ensemble du moulin depuis le sud-est. Crédit : Éveha, 2022.

Un mobilier caractéristique

Le mobilier recueilli renvoie à l’activité sucrière de la l’habitation des Jésuites à Loyola durant la première moitié du XVIIIe siècle, ainsi qu’à l’occupation des lieux par l’habitation des frères Detelle qui occupe le site au XIXe siècle après le départ des Jésuites.

L’architecture du moulin

À l’intérieur du moulin, le travail de fouille a révélé une plate-forme qui visait à surélever le niveau interne par rapport aux circulations extérieures afin de favoriser l’écoulement du vesou vers la sucrerie.

En outre, le dispositif d’assise et de fixation des rolles et de l’arbre d’entraînement vertical du moulin apparaissait clairement avec deux murs parallèles et de grands emplacements de poutre dans l’élévation du moulin. L’ensemble était destiné à asseoir au sol la machinerie et à la lier à l’architecture du moulin.

Au final, la tour tronconique du moulin se développe sur 9,40 m au dessus du ressaut de fondation. Le diamètre varie de 8,60 m à la base à 5,70 m en partie haute. Il est divisé en trois niveaux intérieurs en plus du niveau de fondation (niveau 0) :

  • le niveau 1 correspond à la zone de travail avec l’accès principal, une grande ouverture multifonction, un espace dédié aux rolles au centre et des niches pour installer un éclairage ou poser des outils.
  • Le niveau 2 est marqué par des trous de solive. On y accédait via un escalier en bois disparu. Ce niveau est plus faiblement éclairé et pouvait servir à stocker du matériel.
  • La montée au niveau 3 devait se faire grâce à une trappe et à une échelle. Des trous de solive indiquent à nouveau l’emplacement du plancher. Cet étage permet un accès aux éléments moteurs du moulin (arbre moteur, rouet, lanterne).
Vue zénithale du radier intérieur. Crédit : Éveha, 2022.
Profil est-ouest du moulin en photogrammétrie et interprétation des niveaux. Crédit : Éveha, 2022.

Un monument exceptionnel pour la Guyane

Le moulin à vent de Rémire-Montjoly constitue un patrimoine exceptionnel à plusieurs titres. La qualité de son degré de conservation en fait un monument phare du secteur et une rareté non seulement à l’échelle de la Guyane mais également à celle des anciennes colonies françaises des Amériques. En effet, si nombre de moulins ont existé aux Antilles françaises, peu sont conservés et encore moins sont étudiés. En outre, la plupart sont de construction plus récente que celui de Rémire-Montjoly ce qui ajoute à son caractère particulier. Les mêmes constatations peuvent être faites si l’on se tourne vers les modèles de moulin employés dans les colonies anglaises ou danoises où les moulins qui subsistent datent le plus souvent du XIXe siècle. En outre, en l’absence de véritable étude du bâti lors de cette courte intervention, quelques points mériteraient d’être éclaircis notamment aux niveaux des arases supérieurs et des niveaux 2 et 3.