DONNEMAIN (28) – La Bruyère ouest Lot 1

Les fouilles menées au lieu-dit La Bruyère ouest, sur la commune de Donnemain (28), ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Rémy Wassong. Elles interviennent dans le cadre du projet d’aménagement d’une usine de production du groupe Vorwerk. Les investigations archéologiques concernaient une surface de 26 000 m² et ont permis de mettre au jour les vestiges d’un site de réduction de minerai de fer daté entre la fin du premier et le début du second âge du Fer (entre env. -600 à -400 avant notre ère).

Une importante unité de production sidérurgique

Dans la partie nord-ouest de l’emprise, une trentaine de fours de réduction accompagnés de fosses de rejets ont été fouillés. Des scories entières ont ainsi pu être découvertes en place au fond des fours de réduction (Fig. 1.). Ces vestiges, découverts dans la continuité de ceux issus de la fouille de Sébatien Jesset en 2000 au nord de l’emprise, témoignent d’un site métallurgique de premier plan à l’échelle régionale. En effet, la mise en évidence d’unités de production sidérurgique de cette période est très rare. En revanche, l’approvisionnement en minerai reste une interrogation à l’heure actuelle, car aucune roche présentant une concentration de minerai de fer suffisante pour être exploitée n’a été découverte sur le site.

Fig. 1: Photographie de scories en place au fond des fours de réduction. Crédit : Éveha 2023

Des indices d’activités communautaires ?

Dans la partie ouest du site, cinq fosses à pierres chauffées ont pu être fouillées (Fig. 2.). Il s’agit de structures en creux de forme oblongue mesurant entre 5,2 et 6 mètres de long pour 1,3 à 2,5 mètres de large. Leur comblement est constitué d’une forte épaisseur de pierres et de blocs de grès, silex et très rarement de calcaire, dont le gabarit peut atteindre jusqu’à 30 cm de diamètre. Ces roches présentent toutes des marques de brûlures et une grande partie d’entre elles ont éclatées suite à une exposition à de fortes températures. Chaque structure a livré près de 2 tonnes de pierres. Au fond de ces structures, une épaisse couche charbonneuse a livré plusieurs éléments de bois carbonisés en place de nature variable (bûches, rondins, petit bois, demi-bûches, planches). La nature de ces ensembles pourrait indiquer une réutilisation de pièces de bois plus anciennes dans le cadre des activités liées à ces fosses.

Fig. 2 : Fosses à pierres chauffées en cours de fouille. Crédit : Éveha 2023.

La question de l’interprétation de ces creusements reste d’actualité. Plusieurs hypothèses s’offrent à nous. Dans un premier temps, elles ont été interprétées comme des fosses de charbonnage. L’absence de la récupération des charbons ainsi que d’aménagement caractéristique de ce type de structure (un conduit d’air par exemple) nous incite à écarter cette hypothèse. Il est également envisageable que ces creusements correspondent à une installation liée à la préparation du minerai de fer en vue de sa réduction (grillage et fracturation). Des analyses chimiques (fluorescence X) ont cependant permis de montrer que les roches issues de ces structures se sont révélées relativement pauvres en minerai de fer, les rendant non exploitables. Ces résultats n’excluent cependant pas la possibilité que ces roches aient été rejetées dans ces fosses après un tri visant à récupérer les éléments les plus ferreux. Enfin, il est aussi possible de voir dans ces fosses les vestiges de préparations culinaires communautaires (grillades, cuisson à l’étouffée ou encore dispositifs de fumage ou de séchage). Cependant, aucun reste faunique ou céramique n’a été retrouvé au sein de ces structures ou dans leurs abords comme c’est fréquemment le cas pour ce type d’installation. Cette hypothèse reste donc encore à être argumentée.

À ces vestiges, s’ajoute un bâtiment sur six poteaux de 13 m² (Fig. 3). Il s’agit du seul plan de bâtiment identifié sur le site. Pour l’heure, aucune fonction ne peut lui être attribuée.

Fig. 3 :Vue zénithale du bâtiment sur poteau. Crédit : Éveha 2023.

Les études du mobilier et des données de terrain se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.