SAINT-MARTIN-AUX-CHAMPS – (51) – Les Pâtures Pillées

Les fouilles menées sur le site de Saint-Martin-aux-Champs au lieu-dit Les Pâtures Pillées, ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Delphine Ravry. Elles interviennent dans le cadre du projet d’exploitation de graviers de la part des Carrières de l’Est. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges du Néolithique et de l’âge du Bronze final.

Le contexte d’intervention

Les principaux objectifs de la fouille édictés par le cahier des charges visaient à compléter notre connaissance de ce secteur, dans une zone bien documentée par les opérations archéologiques. La prescription se concentrait sur une petite surface de 1 ha au sein des 14 ha diagnostiqués sur la parcelle des Pâtures Pillées. Sur cet espace, le diagnostic avait mis au jour de nombreux vestiges du Néolithique (fosses et trous de poteau) et des concentrations de mobiliers lithiques qui attesteraient d’une présence humaine sur le lieu au cours du Néolithique ancien. Toutefois, et comme cela a déjà été constaté lors des opérations de fouille réalisées en 2018 (A. Sergent) et 2021 (K. Raynaud), on note une réelle dichotomie entre les observations réalisées lors du diagnostic et la réalité des structures mises au jour lors de la fouille. L’essentiel des structures interprétées comme des trous de poteau ou des fosses latérales de bâtiments ne sont que des irrégularités de terrain ayant piégées le niveau limono-argileux brun-noir qui recouvre l’ensemble du substrat gravillonneux.

Photo drone du site après décapage. Crédit : Éveha, 2023.

Un mobilier abondant mais dans un état de conservation médiocre

Cette couche limono-argileuse, située entre 50 cm et 90 cm sous le niveau de circulation, a donc décapée en passe fine et lente, enfin de pouvoir collecter le mobilier visible. La collecte systématique du moindre artéfacts a permis de mettre en évidence une présence très variable du mobilier : le quart sud-ouest présente la plus forte concentration.

Malgré le soin porté à ce décapage minutieux, le mobilier n’est pas très abondant et dans un état de conservation plutôt médiocre même s’il y a tout de même quelques jolies pièces. Il ne s’agit pas d’un niveau de circulation, l’ensemble est brassé, le matériel se trouvant dans toute l’épaisseur (jusqu’à 40 cm) de l’unité.

Hachette découverte lors du décapage. Crédit : Éveha, 2023.

Des occupations datées du Néolithique et du Bronze final

Sur l’hectare décapé, 130 structures ont été mises au jour. Et si le site est moins structuré qu’attendu au regard du diagnostic archéologique réalisé en 2017, il livre d’intéressants indices d’occupations avec notamment une demie-douzaine de fosses riches en mobilier céramique, quelques pièces en silex (principalement trouvées hors structures) et de la faune (très fragmentée).

Le mobilier céramique découvert permet dès à présent de distinguer deux grandes phases d’occupation : le Néolithique et le Bronze final.

Lame en silex. Crédit : Éveha, 2023.
Tesson de céramique du Bronze final. Crédit : Éveha, 2023.
Vue rapprochée du décor. Crédit : Éveha, 2023.
Bucrane. Crédit : Éveha, 2023.

Des données pédo-sédimentaires

Une attention particulière a été portée aux séquences pédo-sédimentaires en vue de documenter la chronostratigraphie du colmatage du fond de la vallée à l’Holocène. Notamment à travers l’étude du zone humide dont une petite section occupe l’angle sud-est de l’emprise. La stratigraphie du site a été appréhendée par des logs pédo-sédimentaires réalisés sur les bermes et sur des plots témoins laissés à l’intérieur de l’emprise. La zone humide a fait l’objet de diverses investigations. Des prélèvements en rail permettront de réaliser des lames minces afin d’en déterminer les phases de comblement. Ceux-ci sont couplés à des prélèvements de sédiments en vue d’études palynologiques (dans les niveaux humides). Des prélèvements de sédiments (en seaux de 10 litres) seront tamisés pour étudier les charbons et les coquillages présents dans les différentes strates naturelles.

Photo de la zone humide. Crédit : Éveha, 2023.

La prescription de la fouille de cette parcelle repose sur la proximité d’autres zones déjà fouillées, et a permis une continuité dans la lecture des occupations mises au jour.

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.