SERRES-CASTET (64) – Route de Bordeaux – Protohistoire

Les fouilles menées sur le site de Route de Bordeaux à Serres-Castet (64) ont été réalisées dans le cadre du projet d’aménagement d’une zone d’activité par la Communauté des Communes de Luys en Béarn. Dirigées par Nora Hounieu, elles ont permis d’analyser un tertre protohistorique.

Fig. 1 : Vue aérienne du site. Crédit : Éveha, 2023.

Petit historique

Le plateau du Pont-Long, où s’inscrit le projet, correspond à une vaste terrasse alluviale ayant favorisé l’implantation humaine depuis la Préhistoire. Il est connu pour avoir livré de nombreux tumuli* protohistoriques dont sept, uniquement sur la commune de Serres-Castet. Le tertre dit des « Terrailles » ou « Serres-Castet 2 », motivant la fouille, avait fait l’objet d’une fouille de sauvetage dans les années 1970 sous la direction de Jacques Seigne. Un pavage de galets avait été mis au jour au centre de l’édifice funéraire, sur lequel étaient disposés trois vases carénés du Bronze ancien-moyen. Le tertre, encore visible dans le paysage, mesurait alors 0,50 m de haut pour une vingtaine de mètres de diamètre.

Les vestiges d’un tumulus

Au démarrage du diagnostic, le pavage apparaissait directement sous la terre végétale, révélant ainsi l’extrême arasement du tumulus. De l’élévation, rien ne subsistait (donnée corroborée par l’absence du tertre sur les photographies aériennes après 1970) hormis un léger bombement de 0,15 m à son emplacement supposé. Une coupe transversale du monument a permis d’observer, lors du diagnostic, une couche sédimentaire sous le pavage de galets avec des inclusions d’argiles décimétriques, pouvant provenir des abords du tertre ou du démantèlement d’un habitat en terre crue.

Fig. 2 : Ensemble de concentrations de galets au centre du tertre. Crédit : Éveha, 2023.

Cette opération avait pour but de documenter, avec des techniques actuelles, la couche sédimentaire sous le pavage, interprétée comme une couche de préparation préalable à l’installation du tumulus. Elle a permis, grâce au décapage mécanique extensif, aux coupes transversales perpendiculaires et à la couverture photographique drone, de préciser l’absence de fossé périphérique. Néanmoins, la difficulté de lecture de la stratigraphie locale due à la bioturbation* des sols et à la longue exploitation agricole du terrain, ne permet par d’affirmer avec certitude qu’il n’y en ait pas eu à l’origine de l’édification du tertre.

La couche préparatoire du tertre a été documentée et plusieurs prélèvements micro-morphologiques ont été réalisés par un géomorphologue* d’Éveha, afin de définir la constitution de la masse tumulaire et l’origine des matériaux la composant.

Fig. 3 : Prélèvements pour analyses micro morphologiques de la masse tumulaire. Crédit : Éveha, 2023.

Aucune structure périphérique ne fut mise au jour, exceptée une fosse sous le pavage de galets, déjà aperçue lors du diagnostic. La fouille de cette dernière a livré des céramiques (en faible nombre) et des prélèvements ont été effectués affin d’en éclairer la chronologie. En raison de la rareté des vestiges et du mobilier, l’ensemble des éléments lithiques aux abords du tertre a été prélevé et topographié. L’analyse spatiale permettra d’observer, si elle existe, une quelconque organisation. L’étude confiée à un spécialiste du mobilier lithique permettra de déceler ou non des outils, ou des traces d’un éventuel aménagement pour ceux constituant le pavage central.

Fig. 4 : Plan masse du site protohistorique du Serres-Castet. Crédit : Éveha, 2023.

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.

Petit lexique :

  • Tumulus, tumulii : amas de pierres et de terre recouvrant une sépulture
  • Bioturbation des sols : perturbation des sols par des organismes vivants
  • Géomorphologie : étude (mise en place et évolution) de la forme des paysages