Les fouilles menées sur le site du Grand moulin de Peyrassoulat ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité d’Anh Linh François dans le cadre du projet d’aménagement du Syndicat mixte des bassins Bandiat-Tardoire. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour le radier de fondation de la digue du canal d’amenée du moulin ainsi que son système hydraulique et son vannage.
La construction de la digue
Les différents sondages et coupes opérés sur le site ont permis d’observer deux méthodes bien distinctes dans le mode de construction au niveau de la digue.
La première, localisée au niveau du lit actif de la Tardoire, se distingue par des sablières de fondation placées sur le fond de la rivière et étanchéifiées en amont par une couche d’argile grise. Elles sont ensuite recouvertes d’un remblai composé de pierres et de graviers orangés pour être finalement habillées par le parement du mur du canal (Fig.1). La coupe de ce sondage met en évidence un profil trapézoïdal du mur, avec une large base permettant de résister à la forte poussée hydraulique. L’utilisation de ce mode de construction atteste d’un système spécifique à cette zone où la partie du barrage est également située dans le lit actif de la Tardoire.
La seconde méthode a pu être observée par le sondage réalisé au centre du seuil, en lit majeur. Ceci a permis de mettre en évidence trois phases de construction avec un premier creusement au niveau de la rivière afin d’assoir les fondations et l’installation d’une première sablière, puis une superposition et un chevauchement de deux autres sablières sur le fond de la rivière avec les premières assises appareillées du mur (côté interne du canal) et enfin, l’ajout de la culée (côté externe vers la rivière), pour venir renforcer et soutenir le mur principal (Fig. 2).
Le moulin
Le dégagement et le nettoyage de la façade sud du bâtiment principal du moulin a permis d’observer les états antérieurs du bâti. Trois phases principales sont visibles dont celle figurant sur le cadastre napoléonien. Cette dernière est présente au niveau de deux des trois ouvertures du niveau inférieur à l’est où l’on peut encore observer les axes en bois des roues précédentes (Fig 3). Un assemblage en bois présentant des encoches ont d’ailleurs été découverts lors du curage au niveau du radier (Fig 4).
Le début du curage du canal d’amenée, qui visait à rouvrir un passage pour détourner la rivière, a permis la mise au jour d’un élément lapidaire circulaire. Ce dernier, percé en son centre de façon transversale, présentait un profil campaniforme. La présence de l’emplacement de l’anille (fer incrusté et scellé dans la meule tournante d’un moulin, et solidaire de l’axe ou de la manivelle d’entrainement) autour de l’œillard (ouverture qui reçoit l’axe d’une roue de moulin) suggère une meule rotative. Les vestiges de pointes métalliques aux extrémités de l’anille servaient probablement d’ancrage au niveau de l’axe (Fig 5).
À travers l’étude de ce site et de son environnement, cette opération a permis d’apporter des données dans le but de renseigner le passé industriel de cette section de la Tardoire, tout en replaçant le moulin dans son contexte archéologique et historique. Les prescriptions de suivi de travaux archéologiques de ce type d’ouvrage hydraulique restent encore peu nombreux sur le territoire national.
Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.