PONT-SAINTE-MARIE (10) – Le Camp du Moulinet

Les fouilles menées sur le site de Pont-Sainte-Marie au lieu-dit Le Camp du Moulinet, ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Delphine Ravry dans le cadre du projet de construction d’une clinique privée en banlieue de Troyes. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges du Mésolithique et du Néolithique.

Vue aérienne du site. Crédit : Éveha 2023.

Une prescription portant sur les périodes anciennes

Les principaux objectifs de la fouille édictés par le cahier des charges visaient à compléter notre connaissance de ce secteur, dans une zone bien documentée par les opérations archéologiques. L’opération de diagnostic avait mis au jour plusieurs fosses présentant des profils en « W » et en « Y ». Des datations radiocarbones réalisées sur certaines structures renvoiaient pour l’une à la période du Néolithique récent et pour l’autre au Mésolithique. La prescription portait donc principalement sur les périodes anciennes et ces fosses particulières, l’objectif étant de tenter d’avancer sur la détermination fonctionnelle de ces structures en y déployant toute une batterie d’analyses et d’études.

Une occupation très dense

Sur l’hectare décapé, 159 structures ont été mises au jour .

Le site apparaît beaucoup plus densément occupé qu’attendu, avec la présence d’une trentaine de fosses anciennes, de type Schlitzgrube et fosse circulaire profonde.

Plan du site. Crédit : Éveha 2023.

Depuis une quinzaine d’années, les découvertes de ce type se sont multipliées en France. Lorsque des datations ont pu être réalisées, toutes indiquent un fonctionnement au Mésolithique pour les fosses circulaires profondes et un fonctionnement plus long (à toutes les périodes du Néolithique et de l’âge du Bronze) pour les fosses en fente. Leur fonction cynégétique est aujourd’hui bien admise. Ces fosses à profil en V, W ou Y se caractérisent souvent par l’absence de mobilier datant, ce qui est le cas ici. Au sein de ces catégories, les profils sont variés, tout comme les comblements, et leurs dimensions sont conséquentes.

Vue en coupe d’une fosse en V. Crédit : Éveha 2023.
Vue en coupe d’une fosse en W. Crédit : Éveha 2023.

La plupart des fosses ont livré des charbons qui serviront au calage chronologique. Les nombreux prélèvements réalisés permettront des études carpologiques, anthracologiques et/ou palynologiques, selon les possibilités et les orientations scientifiques choisies. Enfin une étude micromorphologique sera réalisée sur un certain nombre de comblements, les prélèvements en rail ayant été privilégiés.

Présence exceptionnelle d’une Schlitzgrube

On notera la présence exceptionnelle d’une Schlitzgrube dont les quatre poteaux fichés en son sein ont été conservés grâce au phénomène de carbonatation. La bordure sud-ouest de la structure est malheureusement rognée par un fossé moderne.

Vue en coupe de la fosse de type Schlitzgrube. Crédit : Éveha 2023.

Un secteur très perturbé par l’activité militaire

Ce secteur est très perturbé par les aménagements contemporains liés aux activités militaires du lieu au XXe siècle. De nombreux fossés sillonnent le terrain mais leur comblement est le plus souvent stérile . Certains ont servi de dépotoir et étaient comblés par des déchets contemporains (bouteilles en verre, ferraille, godillots, cartouches …). Conformément à la prescription, cette occupation récente n’a pas fait l’objet d’une étude poussée.

Paléochenaux

Une attention particulière a été portée aux séquences sédimentaires en vue de documenter la chronostratigraphie des trois sections de paléochenaux mises au jour. Des prélèvements en rail permettront de réaliser des lames minces. Ceux-ci sont couplés à des prélèvements de sédiments en vue d’études palynologiques, malacologiques, d’analyses chimiques et de recherche de charbons datables dans ces différentes strates naturelles.