FONTENAY-EN-PARISIS (95) – Domaine de la Couture

Les fouilles menées sur le site du « Domaine de la Couture » à Fontenay-en-Parisis (95) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité d’Audrey Delalande en amont d’un projet d’installation d’un pôle de compétition équestre, porté par la Société Environnement TP (EURL, groupe Seynhaeve Environnement). Principalement dédiée à l’étude d’une occupation du second âge du Fer, l’opération a également permis la mise au jour de quelques vestiges de l’époque antique et de la période Moderne et contemporaine.

La prescription portait sur une surface d’environ 6 hectares, cependant après discussion avec l’aménageur et l’accord du SRA, une surface de 2 600 m² en a été exclue au nord de l’emprise. Sur les 5,7 hectares qui ont été décapés, la fouille à proprement parler s’est déroulée sur une superficie de 3 hectares. Sur les 414 structures archéologiques enregistrées au total, 80 % ont été testées, majoritairement situées au sein de ces 3 hectares sélectionnés.

Plan masse du site du « Domaine de la Couture » à Fontenay-en-Parisis (95). Crédit : Éveha, 2022.

Le Néolithique

À l’exception d’une unique structure avérée, seule la présence de mobilier lithique, découvert soit en position secondaire dans des structures plus récentes, soit en isolat dans des niveaux de colluvions, témoigne d’au moins une occupation néolithique sur la zone d’étude. Le corpus semble principalement constitué d’éclats bruts peu caractéristiques, mais une hache polie en silex est tout de même à mentionner parmi les outils découverts. Aucun autre élément marquant la présence d’un habitat (bâtiment, foyer, etc.) n’a été mis en évidence, et aucune autre structure ne peut pour l’instant être réellement associée à ce contexte. Cette occupation néolithique apparaît donc fugace et certainement résiduelle.

Le second âge du Fer

La principale occupation du site correspond à deux enclos fossoyés occupés lors du second âge du Fer.

Plan de répartition des vestiges par phase chronologique. Crédit : Éveha, 2022.

Le plus ancien (Enc01) est pratiquement de plan carré, de 115 m sur 110 m de côté, soit une aire interne d’environ 1,25 hectares, et orienté selon un axe nord-sud. Au sud, une simple interruption de son tracé marque une entrée de 3,60 m de large. Au nord, un système de chicane marque une seconde entrée de 4,50 m de large. Il abrite un bâtiment à abside sur 14 poteaux porteurs, de 22 m de long pour 8 m de large, lui aussi orienté selon un axe nord-sud (Ens03). Le rythme des trous de poteaux apparaît indiquer la présence de quatre ouvertures, à moins que cela ne matérialise la présence successive de plusieurs bâtiments. À proximité, un ensemble de sept trous de poteau pourrait signaler un second bâtiment, de plan circulaire (Ens04). Une zone de fosses au niveau de l’angle sud-ouest de l’enclos pourrait leur être contemporaine.

Vue du bâtiment sur poteaux Ens03. Crédit : Éveha, 2022.

Un second enclos (Enc02) est implanté postérieurement au nord et se poursuit dans cette même direction au-delà de l’emprise. Seuls deux angles de son plan a priori quadrangulaire sont observables, et sa surface accessible s’élève à 8 300 m². Le fossé d’enclos est continu et de grandes dimensions, tandis que des fossés de partitions internes plus réduits délimitent des espaces dont la ou les vocations n’ont pu être déterminées. Un seul bâtiment (Ens01) a été identifié en son sein : localisé dans sa partie sud, il se compose de quatre trous de poteau porteurs de faible gabarit et distants entre eux de 5,50 m à 6 m. De par ses dimensions et ses caractéristiques, il fait écho à deux autres bâtiments du même type (Ens02 et Ens05) situés au sud-est et à l’est de l’enclos Enc01. Ce type de plan perdurant tout au long de l’âge du Fer, il est aussi possible que ces bâtiments aient fonctionné avec ce premier enclos.

Quelques silos ont également été découverts, dont l’un recoupe le fossé septentrional de l’enclos Enc01. Par ailleurs, une inhumation a été dégagée en partie basse du silo F185, à l’ouest de l’enclos Enc02. Des prélèvements à des fins d’étude carpologique ont été effectués dans le comblement de ces structures.

Vue de la sépulture du silo F185 en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2022.

Deux puits-citernes aux morphologies très différentes ont enfin été mis au jour au sein de cet enclos. Le premier (F210) présente un plan sub-quadrangulaire et son étanchéité semble avoir été assurée par un « mortier » de calcaire observable sur l’ensemble de son creusement. Le second (F139) possède un plan circulaire et est cuvelé sur les deux premiers mètres de son creusement. Tous deux atteignent une profondeur d’environ 5 m. Leur différence morphologique pourrait traduire deux états différents de l’occupation. En effet, si le mobilier varié issu de leur comblement respectif – céramique, faune, torchis parfois avec des traces de clayonnage, petit mobilier en lignite (fragments de bracelet) et en métal (dont quelques fibules en fer et des lames à simple tranchant), quelques monnaies – permet d’attribuer le premier à La Tène, le second reste difficile à caractériser chronologiquement et pourrait avoir connu un fonctionnement prolongé jusque dans l’Antiquité.

Vue en coupe du puits F210. Crédit : Éveha, 2022.
Vue en plan du puits F139 avant fouille. Crédit : Éveha, 2022.

L’époque romaine

Peu de vestiges sont attribuables à ce stade à cette période. Il s’agit principalement de fossés parcellaires et de deux celliers, localisés dans la partie orientale de l’emprise de fouille. Deux inhumations pourraient également leur être adjointes.

Vue en plan de la sépulture F380. Crédit : Éveha, 2022.

La période moderne

Un système d’exploitation lié à l’extraction de calcaire, avec au moins une galerie horizontale et des conduits d’aération verticaux (puits d’aérage), semble être mis en place à cette époque. Ces structures n’avaient pas été détectées lors du diagnostic, ni lors de la prospection géophysique commandée par l’aménageur, et n’ont pour ce motif pas fait l’objet de prescriptions particulières. Il n’a donc pas été possible de les fouiller de manière exhaustive, principalement pour des raisons de sécurité mais aussi compte tenu de problématiques matérielles et temporelles. Elles étaient par ailleurs difficilement repérables, leur comblement étant très similaire au substrat limoneux ou au comblement des silos protohistoriques. La galerie d’extraction horizontale n’a donc été observée qu’à la faveur d’une section où le calcaire apparaissait plus haut, et seul un puits d’aérage a été fouillé intégralement et mécaniquement. Le début de cette activité n’est pas bien daté, car le rare mobilier associé à ces structures est en grande partie résiduel ou intrusif : sa présence est la résultante de dynamiques de comblement et d’effondrement dans les conduits suite à leur abandon. Néanmoins, le mobilier collecté dans leur partie sommitale peut être attribué à l’époque Moderne ou contemporaine, et les recoupements stratigraphiques notés sur le terrain indiquent que ces structures sont postérieures aux structures protohistoriques et antérieures aux chemins contemporains.

L’époque contemporaine

Ces structures plus récentes, fossés drainants de culture ou chemins, ont pour la plupart fait l’objet d’un relevé topographique, mais n’ont été fouillées que lorsqu’elles se superposaient à des structures plus anciennes.

Des réserves sont à émettre sur ces premiers constats portant sur la caractérisation et la périodisation des différentes occupations, car l’organisation spatiale et l’interprétation fonctionnelle des vestiges, le statut et le phasage du site restent à préciser, et par là même à confirmer ou infirmer. La question d’un hiatus dans la fréquentation du site depuis la Protohistoire doit également encore être résolue.

Les études du mobilier et des données récoltées qui se poursuivent actuellement permettront ainsi d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.