Les fouilles menées sur le site du Petit Courtin à Mignières (Eure-et-Loir) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Yann Dufay-Garel au préalable d’un projet de construction d’un bâtiment logistique porté par la SCCV FP Mignières. Les investigations archéologiques, menées sur près d’1 ha, ont permis de mettre au jour une occupation domestique protohistorique attribuée principalement au premier âge du Fer (-800 av. n. è. à -450 av. n. è.).
Des fosses du premier âge du Fer
L’occupation du premier âge du Fer est caractérisée par une dizaine de fosses localisées dans la moitié sud de l’emprise étudiée (Fig. 1 et 2). Conservées sur 0,20 à 0,30 m de profondeur, elles adoptent un plan circulaire d’environ 1 m de diamètre, des parois droites et un fond plat (Fig. 3). Si leur fonction primaire n’est pas déterminée pour le moment (stockage ?), ces fosses ont servi dans un second temps de dépotoir. Leur comblement a en effet livré un corpus céramique assez abondant et des restes de terre cuite.
Des structures de combustion
Plusieurs structures de combustion ont été mises au jour, réparties en deux groupes topographiquement bien dissociés. Le groupe septentrional rassemble un foyer à pierres chauffées et un four espacés d’une vingtaine de mètres. Le foyer s’apparente à un creusement ovale d’environ 1 m de diamètre, comblé par un sédiment charbonneux et un niveau sommital de blocs de silex chauffés. Le four, quant à lui, est composé d’une fosse d’accès, d’un alandier en tunnel aux parois rubéfiées et d’un laboratoire circulaire, le tout atteignant une longueur de 2,70 m (Fig. 4).
Le second groupe, situé en limite d’emprise orientale de la fouille, est constitué de trois grandes fosses oblongues de 2,80 m à 3,70 m de long, 2 m de large et 0,65 m de profondeur, espacées d’1 m et alignées sur un axe est-ouest (Fig. 5). Elles sont comblées par d’importants rejets rubéfiés et charbonneux ainsi que des esquilles brûlées d’os humain et de faune. La fouille a permis d’identifier avec certitude une sole rubéfiée en place dans deux de ces fosses. Contrairement à ces dernières, la troisième structure ne semble pas avoir été munie d’un tel aménagement ; les éléments de terre cuite mis au jour dans son comblement y ont été rejetés dans un second temps, après l’abandon de la fosse.
Si ces structures de combustion ne sont pas datées pour le moment, faute de mobilier, leur morphologie et leur proximité avec les autres vestiges identifiés plaident pour une attribution au Néolithique ou à la Protohistoire. Leur datation sera précisée en post-fouille par des analyses 14C.
Des puits non datés
Deux puits non datés ont été identifiés au centre de l’emprise et partiellement fouillés à la pelle mécanique par paliers successifs. De plan circulaire, ils disposent d’un profil en entonnoir large respectivement de 1,80 m et 3,60 m à l’ouverture, qui se resserre progressivement pour atteindre une largeur constante d’1,25 m (Fig. 6). La fouille a été stoppée pour des raisons de sécurité à 3,50 m pour l’un et à 5 m pour l’autre, sans atteindre le fond.
Un parcellaire et un chemin récents
Les fossés figurés sur le cadastre de 1828 ont été retrouvés à la fouille. Ils forment des parcelles en lanières larges de 8 à 15 m orientées selon un axe nord-est sud-ouest. Enfin, un chemin rural aujourd’hui disparu, également représenté sur le cadastre ancien, a été détecté dans l’angle nord-est de l’emprise.
Les études du mobilier ainsi que des données récoltées lors de la fouille se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.