ROMANS-SUR-ISÈRE (26) – ZA des Chasses

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Romans-sur-Isere (26)  –  ZA des Chasses ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Gwenaëlle Grange dans le cadre du projet d’aménagement porté par Valence Romans Agglo. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés du Moyen Âge à l’époque contemporaine.

Le contexte de l’intervention

L’emprise de fouille prescrite était divisée en 3 secteurs séparés les uns des autres. Le premier, situé au centre et au sud de l’emprise du diagnostic, avait pour objectif de documenter les silos du plein Moyen Âge (10e-13e s.) découverts lors de ce dernier. Le second secteur, localisé sur toute la bande centrale de l’emprise du diagnostic, devait répondre aux interrogations liées à la présence d’une éventuelle voie de circulation antique et de ses fossés bordiers. Enfin, le troisième secteur, situé dans l’angle nord-est de l’emprise du diagnostic, concernait la potentielle occupation artisanale ou domestique du plein Moyen Âge (10e-13e s.).

Secteur 1 : une zone d’ensilage médiévale

Le secteur 1 a effectivement livré un petit ensemble de huit silos isolés. Leurs couches supérieurs, comme celles inférieures, ont livré quelques tessons de céramiques grises confirmant une datation médiévale comprise entre le 10e et le 12e s. Le profil de ces silos correspond majoritairement à des formes fermées : biconique, en cloche (Fig. 1), sphérique (Fig. 2)…, et plus rarement à des formes ouvertes cylindriques. Leurs dimensions sont variables mais leur volume atteint toujours, au minimum, 1 m3. Ils  se répartissent globalement sur un axe nord-ouest/sud-est. Suite à leur abandon, ils ont été, dans leur grande majorité, employés comme des fosses de dépotoir. Plusieurs couches de comblement intermédiaire se composent de pierres potentiellement issues de l’épierrement des champs environnants (Fig. 3). L’ analyse des prélèvements sédimentaires (paléoparasitologie, carpologie, recherche de battitures…) apporteront plus d’informations concernant leur fonction initiale et leur réemploi.

Notons par ailleurs la présence dans ce secteur de fossés et de fosses de plantation datés des périodes moderne (16e-18e s.) ou contemporaine (19e-21e s.).

Fig. 1 : Profil en cloche d’un silo du secteur 1. Crédit : Éveha, 2024.
Fig. 2 : Profil globulaire d’un silo du secteur 1. Crédit : Éveha, 2024.
Fig. 3 : Comblement intermédiaire d’un silo du secteur 1 composé de blocs de pierre. Crédit : Éveha, 2024.

Secteur 3 : une seconde zone d’ensilage médiévale

Le secteur 3 n’a pas livré d’indice d’occupation artisanale ou domestique, comme supposé lors du diagnostic, mais un petit ensemble de neuf silos médiévaux isolés. Les tessons de céramique grise, livrés par ces derniers, relèvent de la même phase chronologique que celle constatée dans le secteur 1 (10e-12e .). Les profils des silos sont ouverts. Les formes cylindriques prédominent avec une volumétrie nettement supérieure à 1 m³ (Fig.4). Ils se répartissent linéairement sur un axe nord/sud. Après leur abandon, certains ont servi de fosse d’épierrement et/ou de dépotoir, l’un d’eux a d’ailleurs livré le squelette en connexion d’un capriné immature (Fig.5). L’analyse des prélèvements effectués dans ces silos apportera des indices supplémentaires au sujet de leurs fonctions initiale et secondaire.

Les fossés et les fosses de plantation découverts dans ce secteur sont des époques moderne (16e-18e s.) ou contemporaine (19e-21e s.).

Fig. 4 : Profil cylindrique d’un silo du secteur 3. Crédit : Éveha, 2024.
Fig. 5 : Rejet d’un jeune capriné retrouvé en connexion dans le comblement inférieur d’un silo du secteur 3. Crédit : Éveha, 2024.

Secteur 2 : une zone humide assainie à l’époque contemporaine ?

Le secteur 2 n’a pas livré de voie de circulation de la période antique, comme supposé d’après le niveau empierré détecté lors du diagnostic, mais les restes d’un niveau d’assainissement d’une zone particulièrement humide (Fig.6). Cet aménagement s’explique par la présence d’une dépression dans la terrasse würmienne sous-jacente. Cette dernière a favorisé le dépôt et la conservation d’une couche particulièrement argileuse retenant l’humidité. Le mobilier issu du niveau empierré relève de l’époque contemporaine (19e-21e s.). Cet assainissement est coupé par les fossés bordiers qui relèvent approximativement de la même période. Ces derniers ont livré quelques tuiles antiques mais elles sont résiduelles et associées à du mobilier contemporain. Les fossés ont été curés plusieurs fois et leur aménagement suggère qu’ils avaient une fonction drainante (Fig.7).

Enfin, les fosses de plantation, qui se répartissent régulièrement sur le secteur 2, appartiennent probablement à la période contemporaine. Les prélèvements de charbon effectués à l’intérieur permettront de préciser leur datation.

Fig. 6 : Fenêtre nettoyée du niveau de circulation empierré dans le secteur 2. Crédit : Éveha, 2024.
Fig. 7 : Comblement empierré du fossé F 2003, assurant sa fonction drainante. Crédit : Éveha, 2024.

Recherches à venir

Les recherches se poursuivent désormais en laboratoire. Elles s’attacheront plus particulièrement à mieux cerner le fonctionnement de ces silos, leur intégration dans l’occupation du sol et dans le système de production agricole médiévale. Le mobilier archéologique issu de l’abandon de ces silos (céramique, TCA, reste de faune…) apporteront, par ailleurs, des indices sur le mode de vie de la population qui a créé et géré ces silos.