SAINT-TRIVIER-SUR-MOIGNANS (01) – 93 chemin des Amoureux, École maternelle

Les fouilles menées sur le site du 93 Chemin des Amoureux – École maternelle à Saint-Trivier-sur-Moignans (01) ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Mélanie Hauchart au préalable d’un projet d’aménagement porté par la Commune de Saint-Trivier-sur-Moignans. Les observations réalisées lors de la fouille permettent de proposer un premier phasage indicatif du site allant de l’époque médiévale à nos jours et qu’il conviendra d’affiner avec les résultats des études de laboratoire (mobilier, 14C…).

Première phase : une occupation médiévale

Une première phase d’occupation prend place au cours du Moyen Âge (9e-12e siècle). Elle correspond à des structures en creux de type trous de poteaux, fosses, fosses-silos, foyers, fossé avec aménagement de pieux de bois et niveaux de sols. Ces éléments, qui sont très probablement à réorganiser en « sous-phases » s’installent directement sur le paléosol à l’ouest de l’emprise, ce dernier ayant été écrêté à l’est lors des réaménagements ultérieurs. Le mobilier associé à cette phase, bien que très fragmenté, est relativement abondant. Il concerne principalement de la céramique, de la faune, quelques monnaies, de rares boucles de ceinture mais aussi des graines carbonisées. Ces éléments semblent témoigner d’une occupation liée à des activités agricoles. Un chemin creux d’axe est/ouest pourrait également être associé à cette occupation.

Plan masse. Crédit : Éveha, 2023

Deuxième phase : le réaménagement du secteur

Une seconde phase (12e-14e siècle), initiée par le remblaiement des installations précédentes, voit l’organisation et l’aménagement du secteur avec la construction de bâtiments maçonnés, le creusement de deux puits et l’installation d’une nouvelle voirie. Plus conséquente, celle-ci prend la forme d’une branche principale qui traverse la parcelle du nord au sud, avec laquelle fonctionne probablement un nouvel axe secondaire est/ouest.

Troisième phase : le rempart

Il est envisageable que le rempart soit installé dans une troisième phase (14e-17e siècle). Il est accompagné d’un fossé au nord, en-dehors de l’emprise de la ville, des bâtiments venant se coller contre le mur au sud, à l’intérieur de l’emprise. Les remaniements mineurs observés sur les constructions de la phase précédente ont peut-être été réalisés lors de cette phase de « monumentalisation » du secteur. Il s’agit principalement du rehaussement progressif de la voie, du remaniement des fossés bordiers régulièrement récurés et recreusés, et de l’installation de cloisons venant fermer des espaces autrefois ouverts.

Pièce accolée au rempart. Crédit : Éveha, 2023.
Pièce au puits contre le rempart. Crédit : Éveha, 2023.
Pièce avec carrelage de tomettes. Crédit : Éveha, 2023
Aménagement de caniveaux. Crédit : Éveha, 2023.

Quatrième phase : l’abandon

Une quatrième phase voit l’abandon du quartier et le démantèlement du rempart (18e siècle). Des pans de ce dernier semblent avoir été poussés directement dans le fossé. La stratigraphie de celui-ci semble montrer un comblement en deux temps : une première phase régulière avec des couches horizontales organiques, laissant supposer une mise en eau, et l’apport de matières organiques (feuilles, branchages). Une seconde phase plus rapide avec des couches en pendage, qui suivent le creusement, et comportent de nombreux éléments de l’élévation du rempart, encore en connexion ou non (briques, mortier). Un cheval a également été inhumé entre ces couches. Elles semblent témoigner d’un rebouchage volontaire initié lors du démantèlement du rempart et achevé avec de la terre moins chargée en matériaux. Une grande partie des matériaux de construction issus du rempart et des bâtiments alentours sont récupérés pour être réutilisés ailleurs, de même que le mobilier. En effet, ce dernier paraît moins abondant que pour les phases précédentes. Les lieux semblent avoir été « nettoyés » de tout ce qui pouvait encore servir.

Cinquième et sixième phases : la période contemporaine

La cinquième phase (tout début 19e s. ?) voit le remblaiement de l’ensemble du site sous une couche uniforme d’une cinquantaine de centimètres dans laquelle sera installé un jardin d’agrément, visible sur les plans du cadastre napoléonien (1834). Une cave pourrait avoir été utilisée à cette période. Dans son escalier d’accès se trouvent des blocs du rempart (canonnières), utilisés en remploi.

L’aspect actuel de la parcelle correspond à la sixième phase d’occupation avec la construction d’une maison d’habitation privée dans les années 1960.

Cave dont l’escalier présente des blocs en remploi. Crédit : Éveha, 2023.

Les études se poursuivent désormais en laboratoire et devront permettre de mieux cerner l’évolution de ce quartier.