PÉRIGUEUX (24) – Rue Claude Bernard – Réseau d’assainissement

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Périgueux (24)  –  Rue Claude Bernard – Réseau d’assainissement ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Pierre Dumas-Lattaque dans le cadre du projet d’aménagement porté par Communauté d’Agglomération du Grand Périgueux. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés de l’Antiquité et, à la marge, des périodes médiévale, moderne et contemporaine.

La trame urbaine antique se précise

L’opération a permis de confirmer la présence de rues et de préciser leur tracé et leur mode de construction. Le decumanus (« axe routier ») principal de la cité a été croisé à trois reprises : rue Claude Bernard, où il a été observé sur toute sa largeur, mais aussi au croisement des rues Claude Bernard et du 26e RI où il a été vu partiellement et à l’est de la rue du 26e RI où son portique a été observé. Le mode de construction ne varie pas, les niveaux de circulations sont constitués de cailloux calcaire et de galets mêlés à du mortier. Ils sont séparés par des niveaux d’utilisation en limon sableux brun. La rue est bordée d’un caniveau présent au nord rue Claude Bernard et au sud rue du 26e RI (Fig. 1). Un cardo (axe perpendiculaire au decumanus) secondaire a été croisé au milieu de la rue du 26e RI, il présente les mêmes caractéristiques que le decumanus avec un caniveau bordier à l’est.

Au nord du decumanus de la rue Claude Bernard, l’îlot ne présente pas de vestiges témoins d’une urbanisation intensive. Ainsi, seuls des vestiges liés à l’artisanat de la céramique et deux bâtiments à la fonction indéterminée ont été observés.


Fig. 1 : Caniveau bordier sud du decumanus de la rue du 26e RI. Crédit : Éveha, 2023.

Un quartier artisanal gallo-romain

Au croisement de la rue Claude Bernard et de la rue du Colonel Raynal, les terrassements ont permis de mettre au jour une batterie de fours de potier (Fig. 2). Au total, ce sont 4 fours qui ont été identifiés. Pour trois d’entre eux, la typologie sera difficilement déterminable, en revanche, le quatrième est mieux connu : il est de forme rectangulaire avec un canal central qui dessert des canaux latéraux et la sole n’est pas conservée. D’après des recherches rapides, il appartient à la catégorie des fours à deux volumes, c’est-à-dire que la charge à cuire est séparée du combustible par une sole ajourée.

Entre les fours de potier et le decumanus, deux bâtiments présentant des sols construits ont été observés. Les murs ont été récupérés et leur fonction est inconnue.

En revanche, au sud du decumanus, un vaste ensemble de murs (Fig. 3), de tranchées de récupération et de sols a été découvert. En extrapolant le tracé des murs, on délimite des salles qui semblent former une vaste domus (habitat aisé urbain) le long de la rue. Ces vestiges ont été observés sur 60 m de long et 15 m de large. Cette zone a livré en plus de la céramique, des fragments d’enduits peints et un fragment de colonne avec sa base qui ont été remployés en symbole phallique (Fig. 4).

Fig. 2 : Arrière d’un four de potier. Crédit : Éveha, 2023.
Fig. 3 : Mur en moellons calcaire de la domus rue du 26e RI. Crédit : Éveha, 2023.
Fig. 4 : Fût et base de colonne remployé en symbole phallique. Crédit : Éveha, 2023.

Le cimetière et les abords de l’église Saint Pierre

Pour les périodes plus récentes, les vestiges se concentrent au centre la rue du 26e RI avec la découverte de sépultures médiévales et/ou modernes. Elles sont en lien avec le cimetière de l’église Saint Pierre qui se situait au niveau de la partie sud de la Cité Administrative. Plusieurs sarcophages ont été fouillés (Fig. 5) ainsi que des sépultures en pleine terre.

Enfin des vestiges modernes et contemporains ont été observés en plusieurs endroits du tracé : mur de façade des anciennes maisons rue Claude Bernard, mur et caniveau en lien avec la caserne rue du 26e RI et fosse de remblai liée aux travaux sur le parking de la CAF.

Fig. 5 : Sarcophages médiévaux-modernes découverts rue du 26e RI. Crédit : Éveha, 2023.

Les perspectives de la recherche en laboratoire

Les travaux de réfection du réseau d’assainissement des rues Claude Bernard et du 26e Régiment d’Infanterie ont traversé plusieurs îlots de la ville antique de Vesunna, permettant de compléter nos connaissances sur la création, l’évolution et l’abandon de la Cité. Désormais les recherches se poursuivent en laboratoire où les objectifs d’étude concerneront la géographie urbaine, la stratigraphie de la domus et l’artisanat potier.