BASSILLAC-ET-AUBEROCHE (24) – Le Change

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Bassillac-et-Auberoche (24) – Le Change ont été réalisées sous la supervision d’Emmanuel Corfmat dans le cadre du projet d’aménagement porté par la Communauté d’Agglomération du Grand Périgueux. Cette opération de suivi archéologique de travaux fait suite à la nécessité de mettre en place un nouveau réseau d’eau potable et d’assainissement. Il s’agit de la première intervention archéologique au sein du bourg, à l’exception de petites prospections pédestres menées dans les années 1990 aux abords du village. Les investigations archéologiques qui ont été menées sur le site ont ainsi permis de mettre au jour des vestiges s’échelonnant du Moyen Âge à l’époque contemporaine.

Fig. 1 : Plan masse de l’opération de suivi archéologique de travaux. Crédit : Éveha, 2024

L’étude du cimetière

Initialement prévu sur l’ensemble de la commune, le suivi s’est concentré autour de l’église du Change et dans l’ilôt d’habitation supposé ancien, au sud de cette dernière. Cette modification de la prescription fait suite à la découverte d’un nombre très important de sépultures dans les premiers sondages effectués autour de l’église. Cette tendance s’est confirmée lors de l’ouverture complète des tranchées. Au total, parmi les 370 structures mises au jour, près de 300 entités funéraires ont été identifiées. La chronologie des inhumations couvre une très longue période, allant du 11e – 12e siècles à 1811, date où le cimetière fût déplacé en dehors du bourg. Les premières observations témoignent d’une emprise très large de l’espace consacré à l’époque médiévale, principalement vers le nord. Les sépultures se trouvent en effet à plus de 70 m du lieu de culte sur cet axe et pourrait couvrir une emprise de près d’un hectare. L’étendue semble privilégiée par rapport à la densité d’inhumation, témoignant vraisemblablement d’une absence partielle ou totale de contraintes pour l’extension du cimetière.

Fig. 2 : vue en plan de deux sépultures. Crédit : Éveha, 2024

La pression démographique et le développement urbain au centre du bourg, autour de la fin du Moyen Âge et du début de l’Époque moderne, semble jouer un rôle majeur dans la rétractation du cimetière au plus près de l’édifice religieux. Il couvre alors, peu ou prou, l’emprise de la place telle qu’elle subsiste encore, s’étendant certainement en partie sous les façades des maisons disposées au sud de l’église. L’occupation moderne du cimetière est alors plus concentrée et la densité de sépultures augmente considérablement, entrainant de nombreux recoupements entre les sépultures. Plusieurs niveaux d’inhumation sont alors perceptibles sans que leur nombre ne soit clairement défini aujourd’hui. La densité plus importante au nord tient certainement du pendage naturel du socle rocheux selon un axe sud-ouest – nord-est et à la possibilité de remblayer l’espace pour permettre l’installation de nouvelles sépultures. Au sud de l’église, le substrat apparait par endroit à seulement quelques centimètres sous le niveau actuel de voirie, et il parait certain que la partie haute du cimetière a été rabotée au moment de sa mise en place.

Fig. 3 : sépulture en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2024

Découverte de deux occupations domestiques

Parallèlement au cimetière, une première occupation domestique a été repérée entre l’Auvezère et l’église, au niveau de l’actuelle halle. Elle se matérialise par la présence de fosses, fossés, foyers et trois maçonneries parallèles les unes aux autres. Dans l’attente des études de mobilier, la fenêtre d’observation semble trop restreinte pour pouvoir établir des liens entre chacune des structures. Toutefois, cette occupation semble succéder au cimetière médiéval, profitant ainsi de sa rétractation autour de l’église pour se développer. Une seconde occupation, matérialisée par des structures en creux, a été identifiée à l’ouest de l’église. Si l’aire de stockage semble antérieure au cimetière médiéval, sa chronologie absolue n’a pu être établie. Il en va de même pour la série de trous de poteau et la maçonnerie mise au jour au-delà des dernières sépultures constituant la borne ouest du cimetière médiéval.

Fig. 4 : superposition de sépultures et trous de poteau. Crédit : Éveha, 2024

Les études du mobilier et des données récoltées sont actuellement en cours de traitement. Elles permettront, sans aucun doute, d’apporter son lot d’éléments nouveaux quant à la compréhension de l’évolution de l’actuel bourg du Change au cours du temps.