CHÂTEAUNEUF (21) – Cour du haut château

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Châteauneuf (21) dans la Cour du haut château ont été réalisées sous la responsabilité de Stéphane Guyot, dans le cadre du projet d’aménagement porté par Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés du Moyen Âge et des Époques moderne et contemporaine. Menée entre fin 2023 et début 2024, cette surveillance de travaux des réseaux d’électricité et de communication a porté sur l’ouverture d’environ 230 mètres linéaires de tranchées. Dans le cadre de l’intervention archéologique, une prospection géophysique avait été organisée en amont des travaux. Outre les anciens réseaux, la nature des remblais a limité la résonance, mais plusieurs structures sont malgré tout apparues. Leur identification a été confirmée lors de l’ouverture des sondages et l’étude en cours devrait permettre de proposer le tracé de nouvelles structures.

Un remblaiement tardif

Réalisés sur près de 200 mètres linéaires, seuls 30 mètres linéaires n’ont pas porté atteinte à la stratification ancienne de la cour. Vingt-trois sondages ont été pratiqués en fonction de la pertinence des comblements et de leur localisation au sein de la cour haute. Les séquences stratigraphiques ont été observées sur 0,60 m d’épaisseur en moyenne. Notons qu’un seul sondage a atteint une profondeur conséquente de 1,46 m, sans pouvoir percevoir le substrat calcaire. En effet, sur la totalité de l’emprise de fouille, il apparait que la cour a fait l’objet d’un important remblaiement. Les raisons ne sont pas clairement identifiées, mais on peut supposer qu’il a probablement permis de supprimer des escaliers mis en place lors de la restructuration de Philippe Pot, à partir de 1460. Ceux-ci n’ont pas été retrouvés au niveau des deux logis : celui de Philippe Pot et celui des Hôtes. Ce remblai de plusieurs couches occulte en revanche les seuils des ouvertures primitives du 13e siècle, mais aussi les ouvertures secondaires de la tour d’escalier sud-ouest ou encore celles de la porterie méridionale. Le mobilier qui reste encore à étudier tend vers un remblaiement tardif, entre le 18e et le 19e siècles. Cet intervalle coïncide avec le percement du canal de Bourgogne à Pouilly-en-Auxois, au pied du château. Ceci aurait en effet permis d’obtenir le volume nécessaire au rehaussement de la cour haute, intervenant ainsi tardivement dans l’histoire du château.

Des indices archéologiques plus précoces

Préalablement au remblaiement, les niveaux les plus hauts présentent tous des traces de feux. Ceci a notamment permis d’obtenir des datations par analyse radiocarbone, et ce, dès la phase terrain. Plusieurs intervalles ont pu être identifiés mais restent à être confrontés avec les études du mobilier menées actuellement par nos spécialistes. Pour l’heure, les datations obtenues grâce à l’analyse de charbons de bois récupérés à proximité de la chapelle, correspondent parfaitement à la date actuellement retenue pour la construction du château, autour du 13e siècle. Ceci semble donc cohérent, sans pour autant pouvoir expliquer l’absence de niveaux plus récents liés à la restructuration opérée par Philippe Pot. Une seule occupation postérieure, datée du 15e siècle, a pu être observée, grâce à l’analyse d’un charbon de bois récolté le long du Logis des Hôtes.

Restent des interrogations…

En revanche, les intervalles émis par l’analyse de charbons de bois venant des couches les plus basses sont datés entre le 10e et le 12e. Ils appartiennent à des occupations antérieures à la construction du château. S’agit-il d’un effet « vieux bois » ? Jusqu’ici, aucune trace anthropique n’avait été reconnue pour la période. Force est de constater que les couches concernées par ces datations comportent du mobilier céramique attestant bien une occupation humaine. Ainsi, la poursuite de la phase de post-fouille apportera sans aucun doute de nouveaux éléments nous permettant de mieux cerner les occupations et les restructurations successives de ce château.

Fig. 1 : vue générale de l’emprise. Crédit : Éveha, 2024
Fig. 2 : Coupe stratigraphique avec l’apparition du substrat géologique en partie inférieure. Crédit : Éveha, 2024
Fig. 3 : Coupe stratigraphique avec l’apparition d‘une maçonnerie en partie inférieure. Crédit : Éveha, 2024