CONDOM (32) – 20 rue Jean Jaurès – Centre Salvandy

Les fouilles archéologiques menées sur le site de Condom (32) – 20 rue Jean JaurèsCentre Salvandy ont été réalisées sous la responsabilité de Teddy Loupmon dans le cadre du projet d’aménagement porté par Communauté de communes de la Ténarèze.
Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des vestiges datés du Moyen Âge et de l’Époque moderne.

Les objectifs préalables

Cette opération archéologique visait à éclairer les modalités d’urbanisation d’un secteur intra muros de la ville médiévale de Condom, encore très peu documentée. L’objectif de cette opération était de mieux caractériser l’origine, l’occupation, l’organisation et l’évolution de cet espace situé au cœur de l’agglomération condomoise au cours du Moyen Âge et de l’Époque moderne. Ces investigations tentaient également d’approfondir les connaissances sur les problématiques d’implantation et la dynamique d’évolution de ce secteur. L’ensemble des vestiges mis au jour devait également permettre de mieux appréhender les modes de développement économique du secteur durant les périodes concernées.

Phase 1 : l’étude documentaire

L’opération de fouille archéologique préventive s’est déroulée dans le cadre de la réhabilitation du centre Salvandy (Fig. 1). Elle a été divisée en plusieurs phases en fonction du planning d’intervention des différents corps de métiers et de l’état d’avancement du chantier en général. Dans un premier temps, une étude documentaire a été réalisée afin de faire le point sur la documentation disponible en prenant en compte les différentes publications anciennes et archéologiques et historiques récentes. Elle consistait à réaliser un état des lieux de la documentation disponible afin d’appréhender le contexte historique du secteur concerné par nos investigations. Une quantité, non-négligeable, d’ouvrages, d’articles et de rapports de fouille locaux et régionaux ont donc été consultés afin d’en réaliser une synthèse. Cette phase de recherche est également essentielle à la réalisation du rapport final d’opération.


Fig. 1 : Centre Salvandy en cours de travaux. Crédit : Éveha 2024

Phase 2 : l’étude de bâti

La seconde étape s’est concentrée sur l’étude archéologique du bâti, notamment au niveau de la façade est de la cour d’honneur, datée du XVe siècle (portant la date de 1488). Il s’agissait alors de renseigner la constitution, la mise en œuvre et la composition des bâtiments qui entouraient la cour. Cette étude devait permettre de proposer une datation et une chronologie relative. Ainsi, au cours du second semestre 2023, le relevé photogrammétrique de l’ensemble des façades de la cour d’honneur, concernées par l’étude du bâti, a été effectué (Fig. 2, Fig. 3 et Fig. 4). Ce travail a été réalisé en amont des travaux de restauration afin de pouvoir restituer un modèle des façades avant toute modification. Pour cela, plusieurs centaines de clichés ont été pris, soit à l’aide d’un drone, soit à pied d’œuvre. L’ensemble de ces données numériques ont été compilées afin de réaliser des planches de travail utiles lors de l’étude du bâti à proprement parler.

Fig. 2 : Restitution du modèle photogrammétrique de la cour d’honneur : façades nord, est et sud. Crédit : Éveha 2024
Fig. 3 : Restitution du modèle photogrammétrique de la cour d’honneur : vue sur la base de la tour XVe. Crédit : Éveha 2024
Fig. 4 : Restitution du modèle photogrammétrique de la cour d’honneur avec
une caractérisation des sculptures par application de texture : vue sur la base de la tour XVe. Crédit : Éveha 2024

Phase 3 : le suivi archéologique

Au cours du premier semestre de l’année 2024, une intervention de suivi archéologique a eu lieu au mois de mars. Elle consistait à suivre d’une part, l’ouverture d’un sondage au pied de la façade sud du bâtiment sud de l’ancien collège et, d’autre part, à suivre le décapage d’un second sondage au niveau du renfoncement à l’angle nord-ouest des bâtiments côté parking (Fig. 5). Concernant le premier sondage, les niveaux supérieurs semblent avoir été très perturbés par l’implantation de réseaux (sans doute au cours du XXe siècle) marqués par la présence de buse en béton de ciment. Ces deux réseaux d’évacuation d’eaux pluviales reposaient directement sur un limon sableux, comprenant une grande quantité de TCA et de charbons pulvérulents. Ce niveau reposait quant à lui sur les vestiges d’un sol en calade (voie pavée) (Fig. 6). Cette calade, apparue à près d’un mètre de profondeur, était faite de galets plus ou moins calibrés et pourrait correspondre à une ancienne voie de circulation, de type rue ou ruelle. Elle pourrait également correspondre au niveau de sol d’une cour ou arrière cour d’une ancienne habitation détruite lors de la construction du collège. Aucun élément de datation n’a été repéré, il nous est donc pour l’heure difficile de replacer chronologiquement ces vestiges.

Fig. 5 : Plan de masse du Centre Salvandy avec implantation des deux sondages. Crédit : Éveha 2024
Fig. 6 : Détail du sol en calade de galets au fond du sondage. Crédit : Éveha 2024

Le second sondage a subi un décapage de surface de près de 60 m² avec deux cotes de fond de fouille différentes, en lien avec les futures installations. Pour une meilleure compréhension, la zone a donc été divisée en deux parties distinctes. La première correspondait à la partie la plus au sud, avec une cote de fond atteinte à 0,50 m de profondeur. Différentes structures et tranchées de réseaux contemporaines sont venus perturber les niveaux archéologiques. Il s’agissait essentiellement de regards en béton, de tuyaux d’évacuation d’eaux pluviales et d’eaux usées. Toutefois, plusieurs éléments bâtis ont été mis au jour. En effet, à près de 0,20 m sous le niveau de sol actuel, les restes d’un sol dallé en pierre sont apparus (Fig. 7). Ce sol essentiellement localisé dans la partie sud-est était ceinturé par plusieurs murs, plus ou moins arasés. L’agencement de ces éléments muraux forme différents espaces distincts dont la fonction reste difficile à interpréter.

Fig. 7 : Détail du sol dallé en pierre au fond du sondage. Crédit : Éveha 2024

La seconde partie du sondage, la plus au nord de la zone décapée, a atteint un mètre de profondeur (Fig. 8). Hormis un tronçon de mur, aucun autre vestige bâti n’a été observé.
Sur l’ensemble de la surface décapée à ce niveau, on observe une importante couche de démolition. Cette dernière est composée d’un remblai limono-sableux comprenant une grande quantité de mobilier archéologique. Celui-ci était essentiellement représenté par de la céramique datée des XIXe et XXe siècles. L’ensemble de ces vestiges mobilier et des éléments architecturaux laissent penser qu’il s’agit là d’un bâtiment construit tardivement contre l’existant, puis détruit sans doute au XXe siècle.

Fig. 8 : Plan du deuxième sondage et des structures mises au jour. Crédit : Éveha 2024

Phase 4 : la post-fouille

Les problématiques scientifiques qui seront développées au cours de la post-fouille tenteront de mieux caractériser l’occupation et l’organisation de l’espace au cours du Moyen Âge et de l’Époque moderne. Il s’agira également d’approfondir les connaissances sur les problématiques d’implantation et la dynamique d’évolution de ce secteur.
Il conviendra également de contextualiser les nombreuses données issues du diagnostic avec les observations et les vestiges mis au jour lors de nos investigations. Concernant l’étude du bâti des façades de la cour d’honneur, il s’agira de distinguer les différentes phases de construction et de modification. Cette étude permettra également de proposer une datation et une chronologie relative quant à ces différentes phases.