Les
fouilles menées sur le site d’Agen, place du maréchal Foch, ont
été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la
responsabilité de Claire Pesenti. Elles interviennent dans le cadre
du projet d’aménagement du parvis de la cathédrale initié par la
ville d’Agen. La mise au jour fortuite d’un sarcophage et d’une
calade (voie pavée) a motivé la prescription d’une fouille
archéologique préventive. Les investigations archéologiques se
sont limitées à la côte des travaux, exception faite du secteur du
sarcophage. Elles ont permis de mettre au jour une voirie, peut-être
médiévale, percée par des dizaines de sépultures creusées en
pleine terre. À l’ouest de l’emprise de fouille, un bâtiment,
dont la fonction originelle reste indéterminée, a été réoccupé
en caveau collectif. Il s’agit de sépultures en cercueil où un
chapelet a été découvert.
La principale zone de fouille se trouvait autour du sarcophage. Une maçonnerie, présentant des traces d’enduit peint et antérieure à la mise en place du sarcophage, a été mise en évidence. Ce dernier était installé dans un bâtiment interprété, pour l’instant comme memoria, et sur une sorte de piédestal maçonné. La cuve rectangulaire (2 x 0,80 m pour 0,43 m de haut), vierge d’ornements, présentait néanmoins de très nombreuses traces d’outils (pic et marteau taillant). Elle était recouverte d’un couvercle en bâtière orné d’un décor en écailles de poisson sur les grands côtés et d’un décor végétal sur les petits côtés. Une rosace, disposée à l’intérieur d’un cadre décoratif, était également présente sur la face nord. La cuve et le couvercle ont été façonnés dans du marbre des Pyrénées et sans doute transportés par voie fluviale. À l’intérieur de la cuve, un individu de sexe masculin entre 40 et 50 ans était inhumé sur un lit de charbons et sa tête était calée entre deux fragments de tore (moulure pleine au relief arrondi). Robuste, il souffrait néanmoins d’arthrose et d’une calcification du cartilage thyroïdien. Aucun objet n’accompagnait le défunt. Le sarcophage a été retiré et déposé dans le dépôt du service régional de l’Archéologie d’Agen dans l’attente d’une éventuelle mise en valeur du site.
On
accédait à cette tombe privilégiée par une porte disposée à
l’est. La circulation à l’intérieur du mausolée est cependant
difficile à percevoir à cause des nombreuses sépultures qui y ont
été retrouvées. En effet, l’importance de cette construction et,
sans doute, du personnage inhumé dans le sarcophage, incita
vraisemblablement la population à se faire enterrer à proximité
durant plusieurs siècles.
Ce
secteur témoigne ainsi de l’évolution des types d’architecture
funéraire : on note des tombes en coffre, constituées de blocs
calcaires taillés, connues au XIe siècle, remplacées
par des coffres en briques autour des XIIIe-XIVe
s., puis par des fosses creusées dans la terre et enfin des
cercueils caractéristiques de la fin de l’Époque moderne et du
début de l’époque contemporaine. On constatera également la
concentration, dans un tout petit périmètre, d’inhumations
d’enfants et de très jeunes enfants à proximité de la chapelle
axiale.
Une autre phase de travaux aura lieu en janvier 2020 dans la rue Raspail. En attendant, les études du mobilier ainsi que les données récoltées vont être traitées et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.
Responsable d’opération : Claire Pesenti
Suivi SRA : Philippe Coutures
Suivi Éveha : Jean-Luc Piat