SAINT-MARTIN- AUX-CHAMPS (51) – Les Pâtures Pillées

Les fouilles menées sur le site de Saint-Martin-aux-Champs « Les Pâtures Pillées » ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Karine RAYNAUD, de mi-avril à mi-juin 2021. Elles interviennent dans le cadre du projet d’extension de carrières de la société Carrières de l’Est / Morgagni, dans la vallée de la Marne, sur une emprise de 15000 m2. A la suite de l’opération de diagnostic, il était attendu des structures protohistoriques de type trous de poteau et fosses, regroupées en petits ensembles sur l’espace prescrit ou isolées. Au final, ce sont des vestiges datés entre le Mésolithique (-9600 à -6000 av. J.-C.) et l’époque contemporaine qui sont apparus.

Au stade de la sortie de terrain, il est possible de présenter un premier état des lieux des découvertes archéologiques effectuées durant la fouille. Celle-ci a permis de mettre au jour 250 « anomalies  » sédimentaires dont une partie seulement sont des vestiges archéologiques, qu’ils soient de type immobilier (structures fossoyées) ou mobiliers (artefacts en épandage au sol). En l’état actuel des données, les périodes représentées sont le Mésolithique (pointe de flèche), le Néolithique final et/ou Bronze ancien, la Protohistoire et la période contemporaine. Les vestiges décapés se rapportent, pour les plus probants, à des indices d’habitat (trous de poteau de grenier, fosse d’extraction comblée par des rejets domestiques) ou de modestes aménagements agraires. Le terrain conservait également la trace de son défrichement (zones de brûlis) comme de son évolution naturelle (chablis postérieurs aux occupations).

Vue générale du chantier. Crédit : Éveha, 2021.

Une occupation du fond de vallée de la Marne entre le Mésolithique et nos jours

Globalement, et dans la continuité des opérations de fouille déroulées au lieu-dit « Saint-Pierre  », les découvertes effectués se sont avérées plus discrètes qu’attendu.

En ce qui concerne les périodes anciennes, quelques pièces lithiques taillées se rapportent au Mésolithique, dont une pointe de flèche triangulaire à base concave issue d’un lambeau de paléosol retourné par un chablis et dans lequel la pointe côtoie des tessons protohistoriques. Si aucune concentration ne s’est présentée, l’examen du mobilier lithique relevé isolément devrait permettre de donner la mesure de la fréquentation du fond de vallée durant les premiers millénaires de l’Holocène et
éventuellement de proposer des indices d’identité chrono-culturelle. L’hypothèse, proposée au diagnostic, d’une occupation néolithique n’a pas trouvé de confirmation sur le terrain, hormis quelques pièces isolées en cours de détermination. En particulier, le secteur attribué au Néolithique final serait plutôt à attribuer à une occupation temporaire de l’âge du Bronze. C’est également à la fin de cette période et à la transition de l’âge du Bronze Final / Premier âge du Fer que seront attendus les indices d’occupation les plus probants. Notamment, nous avons pu mettre au jour le tracé d’un fossé d’enclos traversant la totalité de l’emprise et formé de tronçons rectilignes segmentés par des angulations ouvertes ; les preuves de réfection et de curage seront à lier à la chronologie portée par les restes prélevés dans les remplissages des structures. Cet enclos vient compléter la carte des occupations protohistoriques déjà bien documentée pour les communes limitrophes.

Lors de la phase terrain, l’absence de vestiges du second âge du Fer et de l’Antiquité nous a suggéré un abandon de l’établissement protohistorique au cours de l’âge du Fer.

Ultérieurement, le secteur ne semble pas être réoccupé autrement qu’à des fins de terroir agricole (élevage bovin notamment) et en tant que terrain aménagé pour un axe de circulation débouchant sur la Marne et un probable point de traversée, durant l’époque moderne ou contemporaine.

Au terme de la phase de terrain cette opération confirme d’ores et déjà ce qui a été rencontré lors des fouilles des tranches 1 et 2 mais permettra également sans aucun doute de préciser la chronologie et les modalités d’exploitation et d’occupation du fond de vallée entre le Mésolithique et nos jours. Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent désormais en laboratoire.

Coupe réalisée dans le fossé d’enclos protohistorique. Crédit : Éveha, 2021.
Trace en coupe d’un poteau de grenier protohistorique. Crédit : Éveha, 2021.
Détail des coupes dans une fosse protohistorique. Crédit : Éveha, 2021.
Fosse polylobée de l’âge du Bronze final. Crédit : Éveha, 2021.