LANDIVISIAU (29) – ZAE du Vern – Lestrevignon

Les fouilles menées à Landivisiau (29) – ZAE du Vern, secteur Lestrevignon du 10 octobre au 9 décembre 2022 ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Marine Gourmelon sur une superficie de 1,75 ha. Elles interviennent dans le cadre du projet d’extension vers l’ouest de la ZAE du Vern située au nord de la commune. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour plusieurs occupations entre le Néolithique et la période antique. Les vestiges du premier âge du Fer caractérisent l’occupation la plus densément représentée avec un ensemble complexe d’enclos fossoyés.

Fig. 1 : plan masse des vestiges. Crédit : Éveha, 2022.

Des vestiges du Néolithique et de l’âge du Bronze

L’indice d’occupation le plus ancien reconnu sur le site se localise dans le nord-ouest de l’emprise avec la découverte d’une fosse à profil en « W » reconnue partiellement au moment du diagnostic. (Fig. 2). Le mobilier lithique (un fragment de meule et de molette) atteste d’une datation au Néolithique.
Toujours localisées au nord-ouest, quelques structures de types petites fosses ou trous de poteau ont fourni du mobilier céramique, ainsi qu’un dépôt de pesons en terre cuite au moment du diagnostic, datés du l’âge du Bronze. Aucune organisation n’a pu être clairement identifiée pour la période.

Fig. 2 : fosse à profil en « W ». Crédit : Éveha, 2022.

Un établissement rural du premier âge du Fer

Les vestiges du premier âge du Fer caractérisent la principale occupation observée lors de cette fouille. Le nombre important de fossés témoigne des différentes phases d’occupation d’un établissement rural s’étendant sur une superficie de plus d’1,3 ha.

Un vaste enclos quadrangulaire d’une largeur de 80 m et d’une longueur maximale observée de 108 m occupe la majorité de la zone prescrite. Il se développe hors prescription en direction du sud, sous l’actuelle voirie. Deux entrées ont pu être identifiées sur sa façade orientale, larges de 4 m à 5,20 m. Les fossés caractérisant cette façade sont les plus imposants de l’ensemble avec une profondeur conservée pouvant atteindre 1,50 m (Fig. 3 et Fig. 4). Une interruption est également visible sur sa façade ouest, à proximité immédiate de la limite sud de de l’opération.

Fig. 3 : profil du fossé de la façade est de l’enclos principal. Crédit : Éveha, 2022.
Fig. 4 : coupe longitudinale d’un fossé d’une des entrées de l’enclos principal. Crédit : Éveha, 2022.

À l’intérieur de cette enceinte, un second fossé partitionne l’espace parallèle à la façade nord de l’enceinte qu’il distance d’environ 25 m. Dans sa partie est, il forme un coude en direction du sud et s’interrompt au même endroit que le fossé d’enceinte principale. Deux bâtiments de type « greniers », ainsi qu’un petit bâtiment sur 6 poteaux, ont été mis au jour entre ces deux limites. L’étude stratigraphique nous indique que ce partitionnement correspond à un des premiers états de l’occupation, comme en témoigne son recoupement par le fossé délimitant la façade est de l’enceinte principale. Une seconde partition, formée par un enclos en agrafe, s’emboîte sous la partition précédente.

Au sud-est de l’emprise un réseau dense et complexe de fossé semble avoir fonctionné partiellement avec l’enceinte principale. Les recoupements stratigraphiques observés entre ces différents fossés mettent en évidence plusieurs réaménagements de cet établissement rural au cours du temps. Dans une dernière phase, l’occupation semble se restreindre et se déplacer vers le sud, avec l’abandon de la première grande enceinte. Ces remaniements sont toutefois à mettre en parallèle avec la pérennité d’un accès dans l’angle sud-est de l’emprise qui semble avoir perduré à toutes les phases d’occupation de l’établissement,

Une zone funéraire caractérisée par une série d’enclos de taille modeste a également pu être mise en évidence. Elle se localise le long de la façade orientale de l’enceinte principale de l’établissement et adopte la même orientation que ce dernier. Un premier enclos carré (Fig. 5), aux côtés longs d’un peu moins de 10 m avait déjà été repéré au moment du diagnostic. Il est relié par 4 fossés parallèles de très faible puissance au fossé délimitant la façade orientale de l’enceinte principale. Une fosse sépulcrale quadrangulaire est présente en son centre (Fig. 6). Cette dernière est faiblement conservée sur une dizaine de centimètres. Seuls un fragment de vase sans fond, ainsi qu’un objet en fer indéterminé, ont été mis au jour. Un second enclos bipartite long de 14 m pour une largeur de 7 m se retrouve à seulement 3 m plus à l’est. Aucune structure n’a été retrouvée à l’intérieur des espaces ainsi délimités. Il en va de même pour le troisième enclos délimitant un espace carré de 15 m de côté.

Fig. 5 : vue de l’enclos funéraire avant fouille. Crédit : Éveha, 2022.
Fig. 6 : vue zénithale de la sépulture en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2022.

En provenance du nord, un chemin d’origine protohistorique, repéré préalablement sur toute la superficie du diagnostic, serpente entre l’enceinte principale et le premier enclos funéraire, venant ainsi structurer les différents espaces. Il fléchit en direction de l’est, une fois arrivé au niveau de l’entrée présente au centre de la façade orientale de l’enclos principal. La récupération de cet axe par le parcellaire récent encore en usage dans la deuxième moitié du XXe siècle rend toutefois difficile son étude dans le cadre de cette opération.

La présence sur une même emprise d’un habitat, d’un espace funéraire et d’un chemin de la même époque offre ici des perspectives d’étude particulièrement intéressantes pour la période chronologique.

Des incinérations à l’époque antique

Enfin, la période antique est représentée par huit incinérations (Fig. 7). Situées entre 10 et 20 m à l’ouest du chemin protohistorique, ces structures funéraires témoignent de la pérennité de cet axe de circulation à l’Antiquité. Aucun autre vestige n’a néanmoins pu être rattaché à cette période.

Fig. 7 : vue zénithale d’une incinération antique en cours de fouille. Crédit : Éveha, 2022.

Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.