FONTAINE-LA-MALLET (76) – Rue de Fréville

Les fouilles menées sur le site de Fontaine-la-Mallet, rue de Fréville en préalable à l’aménagement d’un lotissement, ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Bruno Lepeuple. Ces investigations ont permis de mettre au jour des vestiges allant de la Protohistoire à l’époque contemporaine, avec principalement une occupation rurale marquée par un enclos, un fond de cabane ou encore des îlots bâti et des structures de stockage datées du haut Moyen Âge.

L’environnement naturel du site

Le site est situé sur la rive gauche de la rivière La Fontaine, le village ancien se trouvant sur l’autre rive. L’emprise de fouille présente une forte pente, autour de 15 %, marquée par deux replats : l’amorce du plateau au nord, et les abords de la rivière au sud. La topographie ancienne était quant à elle caractérisée par un replat de bas de pente plus marqué, isolé du relief par un paléo-vallon, néanmoins comblé lors des différentes occupations (fig. 1).

Fig. 1 : Plan des vestiges et premières interprétations. Crédit : Éveha, 2023.

Les vestiges de la Protohistoire et de l’Antiquité

Les vestiges protohistoriques, témoins d’une première occupation, sont limités à trois silos installés dans la pente et un foyer.

Un parcellaire antique, orthonormé, est associé à une probable sépulture à incinération datée de la seconde moitié du Ier ou IInd siècle ap. J.-C (fig. 2).

Fig. 2 : Sépulture à incinération. Crédit : Éveha, 2022.

Le Moyen Âge

Dans la seconde moitié du VIIe siècle est installé un enclos, parallèle au fond de vallée et muni de deux ou trois accès vers la pente. Autant de pôles bâtis apparaissent, dont l’un, au sud-est, est centré autour d’un fond de cabane muni d’un solin de silex périphérique qui ouvrait sur un espace de dimension similaire et où étaient installés deux silos successifs (fig. 3).

D’autres structures de stockage (fig. 4), ayant livré de nombreux carporestes, ainsi qu’un fond de cabane plus modeste sont installés dans l’environnement proche. Plusieurs réaménagements et entretiens de fossés accompagnent l’évolution du site qui ne semble pas être fréquenté à l’époque carolingienne.

Un chemin creux, (fig. 5) qui entaille la pente et une carrière viennent ensuite témoigner d’une fréquentation de l’espace, probablement aux XIIIe et XIVe siècles.

Fig. 3 : Fond de cabane mérovingien. Crédit : Éveha, 2022.
Fig. 4 : Fosses et silos mérovingiens. Crédit : Éveha, 2022.
Fig. 5 : Niveau d’apparition du chemin creux. Crédit : Éveha, 2022.

Les vestiges contemporains

Quelques fossés reprennent l’espace à l’époque contemporaine dont un parallèle à la rivière, et venant témoigner d’une forte épaisseur de colluvions récentes en bas de pente (fig. 6).

La Seconde Guerre mondiale affecte le terrain qui se trouve en arrière d’une profonde défense du plateau dans le cadre de la Festung du Havre. Un câble de télécommunication, blindé et fortement enterré relie un bunker situé à 200 m au nord du site à un probable poste de commandement situé dans le village. À l’amorce du plateau, plusieurs casemates ont été installées, ainsi qu’une tranchée ayant pu servir à défendre un poste mobile de défense antiaérienne. Certaines de ces structures ont été comblées par un volumineux et hétéroclite mobilier domestique de l’entre-deux guerres ainsi que des déblais de démolition.

Fossé contemporain et colluvionnement © Éveha, 2022.

Les études sont en cours, sur ce site qui vient apporter à la connaissance de l’habitat rural mérovingien dans ce secteur du plateau cauchois. Des apports substantiels sont notamment attendus quant aux pratiques culturales du haut Moyen Âge.