AUNEAU-BLEURY-SAINT-SYMPHORIEN (28) – Le Chemin des Pèlerins – Protohistoire

L’opération archéologique menée par le bureau d’études Éveha, sous la responsabilité de Rémy Wassong, s’est déroulée dans le cadre du projet d’aménagement d’une plateforme logistique par le groupe Télamon. Les investigations archéologiques concernaient une surface de 30 000 m² et ont permis de mettre au jour les vestiges d’une occupation du Néolithique (env. -5600 à -2100 av. notre ère), d’un établissement rural du début du second âge du Fer (env. -450 à -250 av. notre ère) ainsi qu’un chemin et des fossés parcellaires modernes.

Une occupation du Néolithique

La partie orientale de l’emprise a permis d’explorer un talweg dont le comblement a piégé du mobilier résultant principalement des occupations pré- et protohistoriques. Il s’agit de silex taillés, de fragments de céramique et de quelques éléments métalliques (clous). Le corpus de mobilier lithique recueilli est principalement constitué d’éclats. Quelques outils comme des grattoirs et des haches polies ont également été découverts. Si ces objets témoignent d’une occupation du site au cours du Néolithique, à ce jour, aucune structure ne peut être rattachée à cette période dans l’emprise de la fouille Protohistorique. L’occupation principale se localise plus précisément au nord de l’emprise, au sein de la zone 2 de l’opération « Le Chemin des Pélerins – Néolithique » menée sous la responsabilité de Harold Lethrosne.

Un établissement rural du début du second âge du Fer

Une quinzaine de silos et une trentaine de fosses ont livré du mobilier permettant de dater l’occupation principale du site à La Tène ancienne (env. -450 à -250 av. notre ère). À ces éléments, s’ajoutent quelques portions de palissades et des alignements de chablis évoquant une partition de l’espace, ainsi que huit plans de bâtiments présentant des superficies allant de 4 à 25 m² (Fig. 1). Ces édifices sont organisés en U autour d’un espace vide de vestige matérialisant peut-être une place ou une aire d’activité qui reste indéterminée à ce jour.

Fig. 1 : Photographie drone de l’ensemble des bâtiments. Crédit : Eveha 2023.

Le mobilier recueilli provient principalement des rejets effectués dans les silos (Fig. 2). Il s’agit principalement de céramique. Il faut à ce titre noter la présence de céramique peinte et décorée, ainsi que la découverte d’un entonnoir, objet relativement rare dans ce type de contexte notamment dû à la difficulté d’identification de la forme si l’exemplaire retrouvé n’est pas archéologiquement complet. La fouille d’une structure profonde s’arrêtant sur un filon de minerais de fer et pouvant être interprétée comme un puits de mine (Fig. 3), suggère également la présence d’activité métallurgique sur le site. Ceci est confirmé par la découverte de scories.

Fig. 2 : Coupe d’un silo de l’établissement rural protohistorique. Crédit: Eveha, 2023.

L’étude à venir permettra d’identifier l’origine précise de ces vestiges, à savoir s’il s’agit de scories de réduction ou de forge. Les comblements des silos ont systématiquement été prélevés. Ces prélèvements permettront, après tamisage, de procéder à des analyses physico-chimiques et archéobotaniques qui nous permettront éventuellement d’identifier les denrées stockées durant leur utilisation ou les modalités d’utilisations ultérieures des silos. D’après les premiers éléments, ce site semble contemporain de l’établissement rural découvert au lieu-dit « Le Prieuré », fouillé en 2010 et qui jouxte la limite sud-ouest de l’emprise de l’opération. Ce dernier avait principalement livré les vestiges de silos datés de La Tène B (env. -400 à -250 av. notre ère). Il conviendra lors de l’étude d’identifier le lien entre les deux sites, distants de 150 m seulement, et séparés par un fossé orienté sud-ouest/nord-ouest, dont la fonction exacte ne peut être identifiée à l’heure actuelle.

Fig. 3 : Coupe du puits de mine et des aménagements périphériques. Crédit : Eveha, 2023.

Les installations modernes et contemporaines

La fouille a également permis d’observer plusieurs fossés parcellaires particulièrement érodés, qui peuvent être rattachés à des périodes récentes malgré l’indigence du mobilier. Ces fossés sont orientés nord-ouest/sud-est dans le même axe qu’un chemin également attribué à ces périodes. Ce dernier a subi plusieurs réfections. Au sud de cet aménagement, plusieurs fosses comblées avec des pierres ont été fouillées. Au vu du mobilier, celles-ci peuvent également être rattachées aux périodes récentes, mais leurs fonctions restent à ce jour à préciser (bornage ?). À ces vestiges, il convient également de mentionner la découverte d’un puits dont le cuvelage en pierre s’est effondré et de plusieurs fosses d’extraction de très grande profondeur.

Il convient désormais de procéder à l’étude du mobilier et des données enregistrées lors de la phase de fouille afin d’affiner nos connaissances sur ce site et ses occupations.