PLONÉIS (29) – Moulin de Fontayou

Les fouilles menées sur le site du Moulin de Fontayou, au lieu-dit chemin de Kerdronval, à Plonéis (29), ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité de Paul Lagarrigue dans le cadre du projet d’extension de carrière de la société Leroux TP et Carrières. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour des fossés constituant plusieurs systèmes enclos, déjà identifiés comme une occupation des VIIe-IXe siècles lors du diagnostic, ainsi qu’une ligne de fours se développant sur une grande partie de l’emprise et qui marque l’occupation de la deuxième moitié du premier Moyen Âge.

Un contexte géologique bouleversé

Le sol de l’emprise est entièrement retourné par la solifluxion*, facilitant la pénétration des racines. Une forêt occupait la zone avant l’installation anthropique : il en résulte de nombreux chablis perturbant de prime abord la compréhension du site (Fig. 2).

*Solifluxion : glissement de terrain consistant en un lent écoulement de boue.

Fig. 2 : Vue aérienne du site mettant en évidence l’impact des chablis. Crédit : Éveha, 2023.

Une occupation protohistorique

Au nord de l’emprise, par delà un faible fossé parcellaire, de profondes anomalies tronconiques se développent de part et d’autre d’un imposant puits, profond de 2,20 m, creusé dans le substrat limoneux sans cuvelage apparent (Fig. 3). À cela s’ajoutent au moins deux aménagements qui ont livré de la céramique protohistorique, dont un vase-silo encore en place (Fig. 4).

Fig. 3 : Puits, sans cuvelage maçonné, creusé dans un substrat instable. Crédit : Éveha, 2023.
Fig. 4 : Céramique entière déposée dans une petite dépression du substrat (en cours de fouille).
Crédit : Éveha, 2023.

Le système fossoyé occidental

À l’ouest de l’emprise ont été mis au jour deux imposants fossés (Fig. 1). L’espace les séparant est matérialisé par une série de trous de poteaux, suggérant la présence d’une barrière. Le fossé courbe est constitué par une série de creusements différenciés qui laissent soupçonner une fonction hiérarchisée de l’espace. Un système d’entrée encadré par de puissants creusements a été mis en évidence à proximité de la limite sud de l’emprise (Fig. 5). Le passage est marqué par une légère dépression pouvant permettre d’évacuer le trop plein du fossé méridional. Elle assure la continuité de l’évacuation de l’eau, sans toutefois interdire le passage.

Fig. 5 : Vue vers le nord-ouest. Au premier plan les deux puissants creusements encadrant l’entrée, ouvrant sur les aménagements en bord d’escarpe. Crédit : Éveha, 2023.

L’intérieur est relativement vide, si ce n’est quelques trous de poteaux et petites fosses. Toutefois, deux petits ensembles ont été repérés, dont un en bord d’emprise, à l’ouest, qui peut correspondre à un édicule sur quatre poteaux. L’intérieur de cet espace pourrait correspondre à une cour agricole réservée à diverses activités et au bétail.

Le système fossoyé oriental

Le système fossoyé mis au jour au sud-est de l’emprise doit former un vaste ensemble délimité par des fossés, mais il se développe en grande majorité hors prescription (Fig.6). Il se présente sous la forme d’une vaste ellipse (Fig. 1), qui s’étend hors emprise, dans laquelle s’articulent plusieurs occupations, dont une extension rectangulaire au nord plus tardive et tout une série d’aménagements sur les bords et dans le fond des tranchées.

Fig. 6 : L’ensemble des fossés à l’est de l’emprise à l’endroit où il change d’axe et se poursuit en tournant vers le sud-ouest. Crédit : Éveha, 2023.

Une occupation agro-artisanale autour de plusieurs gros fours

Autour de cet ensemble se sont installées plusieurs fours et sur le comblement final du fossé, un petit foyer, auquel est associée de la céramique onctueuse (Fig 7). Ce petit foyer doit correspondre au centre d’une petite occupation : il évoque les restes d’habitat artisanal saisonnier, à la manière des huttes de charbonnier, encore présentes dans la région à la fin du XIXe siècle. Entre les deux systèmes fossoyés ont été découverts deux autres fours (Fig. 8) auxquels sont associés des poteaux.

Fig. 7 : Installation d’un foyer autour duquel se remarque l’aire de piétinement – charbonneuse – et des blocs posés en tas ; dessous s’observe, en brun, le comblement supérieur du fossé. Crédit : Éveha, 2023.

Trois de ces fours ont des morphologies similaires : ils sont profonds et au moins deux sont à emmarchement, selon une typologie assez récurrente. Le four parementé est interprété comme un séchoir à grain (Fig. 9). Le dernier est, quant-à lui, beaucoup plus étroit. Il est le seul à présenter une tripartition : aire de travail, alandier, aire de chauffe. Pour les cinq fours, aucun indice n’est venu argumenter la présence de sole ou de laboratoire. La profondeur excessivement basse des trois premiers plaide pour l’existence d’une cheminée permettant d’avoir un meilleur tirage. Toutes ces structures ont été nettoyées avant leur abandon, y compris le petit foyer.

Fig. 8 : Four à emmarchement avec poteaux associés. Crédit : Éveha, 2023.
Fig. 9 : Four parementé avec poteaux associés. Crédit : Éveha, 2023.

L’espace au vide au nord dans la pente

À l’exception des deux fosses profondes tronconiques et du puits, la zone traversée par les doubles fossés est-ouest, dans la pente annonce une zone non investie. Il n’est pas impossible que cette pente profite principalement à la pâture ; l’occupation s’installant de préférence sur le plateau. De plus, en cas d’occupation à visée défensive, cette zone non aedificandi, donc sans obstacle visuel, a des avantages stratégiques.

Les investigations se poursuivent désormais en laboratoire et permettront d’affiner notre compréhension de cette occupation.