SAINT-CLÉMENT (89) – La Ballastière

Les fouilles menées sur le site de Saint-Clément au 25 rue de la Ballastière ont été réalisées par le bureau d’études Éveha, sous la responsabilité de Cédric Lepère. Elles interviennent dans le cadre du projet d’aménagement d’un restaurant scolaire et d’un espace vert par la commune de Saint-Clément. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour du mobilier datant du Néolithique moyen II (vers -4300 – 3400), un silo du Premier âge du Fer (Hallstatt, vers -800 – 460), un fossé de la fin de l’époque gauloise et du début de l’Antiquité (entre le IIe s. av. notre ère et le Ier s. de notre ère) ainsi que plusieurs structures contemporaines.

Fig. 1 : plan général des structures par phases chronologiques. Crédit : Éveha 2023

Les vestiges néolithiques

Le décapage des 1 000 m² de l’emprise a permis la mise au jour d’une quarantaine de structures apparues à 0,40 m sous le sol actuel (Fig. 1). Si la phase d’occupation la plus ancienne est effectivement datée du Néolithique moyen, elle ne présente pas de réelle structuration de l’espace. Le mobilier composé d’une centaine de restes (céramique, éclat de silex taillé, fragments de haches polies) provient exclusivement d’une couche naturelle fortement perturbée. Ces éléments néolithiques sont mêlés à du mobilier plus récent (scorie de fer, céramique tournée probablement antique). Dans cette zone, le substrat jaune est entaillé par un réseau de dépressions irrégulières implantées sans organisation apparente (Fig. 2). Les photographies aériennes récentes montrent d’ailleurs que cette zone était partiellement boisée il y a une dizaine d’années.

Fig. 2 : substrat entaillé. Crédit : Éveha 2023

Le Premier âge du Fer

La deuxième phase d’occupation se compose d’un silo de 2 m de diamètre max. sur 0,5 m de profondeur (Fig. 3). L’association de quelques fragments de céramique non tournée et de rares éclats de silex ont d’abord fait penser à une fosse néolithique. Après lavage, une analyse plus fine du mobilier plaide plutôt pour une attribution au Premier âge du Fer (Hallstatt, vers -800 – 450). Cette structure est ainsi possiblement en relation avec l’occupation de la pointe Molot 2 située au nord, sur la parcelle adjacente à l’emprise de fouille.

Fig. 3 : coupe du silo. Crédit : Éveha 2023

L’époque gallo-romaine

La troisième phase d’occupation est représentée par un fossé linéaire, orienté nord-ouest/sud-est et conservé sur environ 25 m de long sur 1 m de large en moyenne pour une profondeur comprise entre 0,5 m et 0,7 m (Fig. 4). Sa partie ouest est coupée par les restes de destruction d’un bâtiment contemporain. L’hypothèse d’un enclos peut être proposée. Fouillé manuellement pour partie, il a seulement livré quelques tessons de céramique dont deux fragments d’amphores Dressel. Ces éléments permettent de proposer une datation du fossé entre la fin de la Tène et la période romaine (IIe siècle av. notre ère au Ier siècle de notre ère). Toutefois, leur position secondaire dans une structure plus récente n’est pas à exclure. Dans ce cas, il pourrait prolonger l’occupation rurale antique (IIe – IVe siècles de notre ère) préalablement fouillée en 2018 à la pointe de Merlot.

Fig. 4 : profil du fossé. Crédit : Éveha 2023

Les vestiges d’époque récente

La dernière phase d’occupation beaucoup plus dense est datée de la période contemporaine. Elle a fortement perturbé la conservation des vestiges archéologiques plus anciens. Dans la partie ouest de l’emprise, un alignement de trous de poteau correspond probablement aux restes d’une barrière liée à un bâtiment récemment détruit et visible sur les photographies aériennes des années 2000. L’occupation contemporaine regroupe également un ensemble de creusements rectangulaires de longueurs variables (entre 1,2 m et 2,7 m) qui pourrait être interprété comme une série de fosses de plantations creusées mécaniquement. Le mobilier récolté dans les comblements (carreaux vernissés, cartouche de chasse, brique en agglo, tomettes, etc.) confirme sans équivoque leur datation.

Les études du mobilier et des données récoltées sur le site de Saint-Clément se poursuivent actuellement en laboratoire et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de ses occupations au cours du temps.